22 mars 2010

Situation politique au Niger : et si l'on disqualifiait les principaux leaders politiques ?

La première et tant attendue rencontre entre le nouvel homme fort du Niger et la classe politique a finalement eu lieu ce samedi 13 mars 2010 à l’auditorium Sani Bako. En effet, le Président du Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie, chef de l’Etat, le Chef d’escadron Salou Djibo, dans la série de rencontres de prise de contact qu’il a initiée au lendemain du coup d’Etat qui l’a porté au pouvoir, s’est entretenu avec les représentants des partis politiques. Lors de cette rencontre, il a réitéré ses attentes vis-à-vis de cette classe politique dont entre autres son implication dans la composition du conseil consultatif.




Et s’il y a une question qui focalise l’attention des nigériens, depuis l’annonce par le Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie de mettre en place un Conseil Consultatif regroupant toutes les sensibilités et qui aura la charge de légiférer sur des questions d’intérêt national, c’est celle qui consiste à savoir au juste quand est-ce que ce fameux conseil sera installé, mais aussi et surtout si la formule envisagée par le CSRD est vraiment la bonne.


Si les observateurs semblent pressés d’avoir des réponses précises à ces questions, c’est au regard du rôle éminemment important que ce conseil sera appelé à jouer dans la détermination de l’avenir de la démocratie nigérienne, à commencer par la détermination de la durée de la période de transition, l’élaboration des textes fondamentaux etc... Mais la raison profonde d’une telle frénésie est en réalité liée à une sorte d’appréhension collective qui s’est emparée du peuple nigérien.


En effet, le conseil consultatif serait, selon le CSRD, composé des différentes forces politiques, des couches socioprofessionnelles et des acteurs de la société civile. Or, les querelles qui avaient cours dans notre pays depuis la veille du 4 août et ayant motivé le coup d’Etat du 18 février, mettaient justement aux prises les mêmes forces, de sorte que nulle parmi elles n’a, a priori, la neutralité axiologique susceptible d’impulser une sérénité aux travaux du Conseil. En termes clairs, il est fort à craindre que la même animosité qui prévalait avant le coup d’Etat ne refasse surface, surtout que les plaies ne se sont même pas encore cicatrisées. Certes, on pourrait arguer qu’il ne saurait en être ainsi au regard de la nouvelle donne politique caractérisée par la présence des militaires dans l’arène politique et surtout la détention des rennes du pouvoir par ceux-ci. Mais il faudrait se rendre à l’évidence que certains hommes politiques donnent vraiment l’impression de prendre un goût prononcé pour les situations confuses, sinon on ne serait pas là à scruter l’horizon dans l’expectative d’un hypothétique lendemain.


Les appétits du pouvoir sont toujours vivaces, les rancoeurs toujours aiguisées et il est fort à craindre qu’ils n’éclipsent totalement ou même partiellement les intérêts du peuple au profit de ceux d’une classe politique foncièrement obnubilé par l’exercice du pouvoir politique. L’élite politique de notre pays a suffisamment démontré qu’elle peut reléguer les intérêts du peuple au second plan et peut aujourd’hui encore le réitérer. Or, compte tenu de la neutralité voulu par le CSRD et même pour un souci de simple bon sens, cette logique qui a donné naissance au gouvernement actuel dont la composition a été unanimement saluée par les nigériens, le conseil suprême aurait dû appliquer le même principe. Autrement dit, le CSRD devrait faire appel à d’autres nigériens reconnus pour leur neutralité pour constituer le Conseil Consultatif, ce qui donnera le temps à tous les protagonistes de méditer. Pour une fois, il aurait été plus judicieux d’impliquer pleinement la matière grise de notre pays tapie dans les couloirs des amphithéâtres et autres laboratoires de l’université, c’està- dire toutes ces têtes farcies de théories aussi diverses que variées. Cette option conviendrait, évidemment, dans le cas où il s’agirait de doter notre démocratie de textes adaptés à sa situation, mais aussi et surtout au contexte international actuel.


Mais le problème du Niger est-il réellement celui de textes ? La réponse à cette interrogation qui assaille les esprits a été donnée par un homme politique prenant part à la rencontre, en l’occurrence Ousmane Oubandawaki, Président du parti ALKALAMI qui, avec une surprenante sincérité, a tenu à affirmer que « le problème du Niger, c’est des hommes sérieux qu’il faut, c’est ce qui a manqué ».


Allant plus loin, le président de MURNA FARHA, Mamoudou Djibo devait indiquer que « c’est des situations douloureuses que sortent les meilleures choses. Il faut l’assumer jusqu’au bout ». Voilà qui est bien dit et surtout dit par des acteurs politiques qui, au regard de leurs personnalités, savent clairement ce qu’ils disent.


C’est tellement bien dit et tellement conforme aux aspirations de nombre de nos concitoyens que le CSRD doit prenre son courage à deux mains et l’assumer jusqu’au bout en débarrassant le plancher de ceux-là, connus de tous, qui sont la source de tous les maux de notre démocratie. Tous ces acteurs qui ont animé le débat politique au Niger de 1990 à nos jours doivent être disqualifiés afin de favoriser l’émergence d’une nouvelle classe politique. Ce service, Salou Djibo et ses camarades doivent le rendre au Niger au risque de regretter, au même titre que feu Baré Mainassara, de ne l’avoir pas fait. Nous n’incitons pas à les « raccourcir », mais à prendre un acte les disqualifiant du jeu politique. Certains crieront au scandale ou penseront qu’il s’agirait d’une restriction des droits politiques des concernés, d’une atteinte à la démocratie. Mais entre nous, le jeu n’en vaut-il vraiment pas la chandelle ? Entre l’avenir politique de la patrie et celui de ceux qui l’ont toujours entravé, y a-t-il matière à cogiter ?


Au lieu donc de créer un conseil consultatif qui risque d’être un cocktail explosif et bubgétivore, le CSRD doit pousser certains à aller faire valoir leurs droits à la retraite politique. Il le doit car, et comme l’a, en substance, dit le Phd Mamoudou Djibo, les mêmes causes dans les mêmes conditions de pression et de température et avec les mêmes acteurs, produisent les mêmes effets.


Sinon quelle garantie donne au peuple sa classe politique quant à sa capacité à faire preuve de maturité, de dépassement et surtout de sagesse ? A-t-elle vraiment tiré les leçons de l’histoire ? Rien n’est moins sûr. Et le CSRD est censé le savoir avec pertinence. Alors pourquoi fait-il les choses à moitié ? Manque t-il, à ce point, de courage politique ? Ou bien agit-il ainsi faute de disposer des compétences nécessaires pour s’acquitter du travail de ce conseil consultatif ? Est-il tard pour rectifier le tir ?


En attendant que le Conseil Suprême pour la Restauration de la Démocratie corrige son erreur, il revient au peuple de prier intensément afin que Dieu sauve le Niger des griffes de tous ces faucons dont le retour sur la scène politique symbolise un retour à la case de départ. N’est-ce pas ce que veut éviter justement le CSRD ?


Hassane Adamou Amadou
Source : Le Gardien

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