1 nov. 2011

En vingt ans, trois révoltes et une quatrième en route

L’Azawad est la région située entre l´ouest et le nord du Mali, comprenant les villes de Tombouctou, de Kidal et une partie de Gao. Une région qui a connu sa première rébellion en juin 1990.

En janvier 1991, Moussa Traouré, président du Mali, grâce à une médiation algérienne avec les insurgés touareg, signe à Tamanrasset un accord qui prévoit «une autonomie interne, un désengagement militaires du pays touareg ainsi qu’un vaste programme de développement». Deux mois plus tard, Moussa Traoré est destitué par un coup d’Etat militaire.
Les nouveaux maîtres reviennent un an plus tard, en avril 1992, sur le contenu de l’accord. Quatre organisations, regroupées au sein du Mouvement des fronts unifiés de l’Azawad (MEUA) signent à Bamako une nouvelle trêve. En 1994, suite à des informations sur des massacres opérés par l’armée malienne contre les Touareg provoquent l’exode d’une bonne partie de la population vers le Burkina Faso, la Mauritanie et l’Algérie, où des camps de réfugiés sont installés dans la précipitation.

L’Algérie s’implique et réussit à faire instaurer une relative accalmie. En juillet 1995, une table ronde réunit des bailleurs de fonds du Mali, qui dégagent la somme de deux millions de francs afin de consolider la paix, réinsérer la population et reconstruire le Nord. Une année plus tard, une cérémonie officielle, dénommée Flamme de la paix, est organisée à Tombouctou pour mettre fin définitivement à cinq années de guerre. En 1997, de nouveaux actes de violence contre la population sont enregistrés. En janvier 1998, des affrontements sanglants opposent deux tribus touareg dans la zone de Tejerert suite à un nouveau découpage administratif intervenu dans le cadre d’une décentralisation opérée par Bamako. Le nombre de réfugiés ne cesse d’augmenter. Ils sont 4000 dans le camp de M’berra, au sud-est de la Mauritanie, 10 000 dans le nord-ouest de Burkina Faso et plus de 80 000 dans le sud et le sud-ouest de l’Algérie, plus de 50 000 dans le sud de la Libye. En 2006, les Toureg d’Adrar, des Ifoghas, et de la région de Kidal forment l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC).

Les membres fondateurs ont tous été dans les rangs des deux premières rebellions. Il s’agit de Iyad Ag Ghali, Hassan Fegaga, Brahim Ag Bahanga et Amada Ag Bibi. La nouvelle organisation reprend les revendications des populations touareg, notamment la non-application des accords qui ont mis fin aux deux précédentes révoltes. A la tête de l’ADC, feu Ag Bahanga s’illustre par la prise des postes militaires de Kidal et de Menaka, avant de prendre les massifs de Tigharghar comme lieu de refuge. L’Algérie est sollicitée pour mettre fin au conflit. En juillet 2006, Bamako signe un accord avec l’ADC portant sur la restauration de la paix, de la sécurité et du développement de Kidal, sans pour autant toucher à l’unité du territoire malien. Les engagements de Bamako restent néanmoins sans suite. Début 2007, de nombreux cadres de l’Alliance reprennent la lutte en se réunissant autour d’une nouvelle organisation, l’Alliance touareg du Niger et du Mali. Celle-ci ne fera pas long feu.
Le 17 février 2009, l’ADC accepte de déposer les armes et près de 700 de ses combattants se retirent de l’action armée après de longues négociations avec l’Algérie. De fait, ils se reconnaissent dans l’accord d’Alger. Néanmoins, leur chef, Brahim Ag Bahanga, refuse. Il s’exile en Libye. Vers la fin de 2010, il se déclare prêt à revenir à l’accord, à travers une lettre adressée à ses anciens compagnons réunis à Kidal.
La chute d’El Gueddafi va changer totalement la donne. Approvisionné en armes et en moyens logistiques, Bahanga va revenir au nord du Mali, mais cette fois-ci pour «déterrer la hache de guerre». Durant tout l’été, il organise ses troupes en leur fournissant l’arsenal de guerre ramené de Libye, mais un accident très suspect met fin à sa vie. Ses compagnons s’entendent pour poursuivre son œuvre en ralliant tous les mécontents de la région à un mouvement pour la libération de l’Azawad.


Salima Tlemçani
Source: Elwatan

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