* Nock Ag Attia, Député élu à Diré / « … Le Mali est un et indivisible… »
Je veux que cela soit clair pour
tous, le Mali est un et indivisible. Ce qui vient de se passer dans
cette partie de notre pays n’est pas important, mais il ne faut pas le
prendre à légère. Nous autres, nous aimons tellement ce pays que nous
n’avions jamais imaginé que des fils et filles de notre mère patrie
pourraient se lever un jour pour faire ce que la presse a dénoncé.
D’ores et déjà, je tiens à signaler que Sonrhaï et Tamashek sont comme
l’eau et le vent, ils sont inséparables. Votre question me fait très
mal. Je vous rappelle que j’ai été élu par au moins 99% de sonrhaï. Je
vous invite à ne pas trop parler de cette histoire, parce que vous
risquez de lui donner la valeur qu’elle ne mérite pas.
* Mohamed Mahmoud El Oumrany,
ancien ambassadeur et leader communautaire : « Le Mali n’est pas la
préoccupation des hommes venus de Libye »
L’ancien ambassadeur du Mali a
soutenu que les personnes venues de Libye sont des frères que la
communauté malienne a accueillis fraternellement. Mohamed Mahmoud El
Oumrany a fait remarquer que ces personnes ont servi un homme, un grand
leader, mais que les Libyens ne les considèrent pas comme des gens qui
ont servi la nation et les ont donc chassés de Libye. Aucun d’entre eux,
a-t-il dit, ne songeait au Mali encore moins d’y aller, mais quand tout
s’écroule… Il a toutefois ajouté que le Mali n’est pas la préoccupation
de ces hommes venus de Libye. ‘’ Si la Libye les rappelle pour leur
donner leurs droits, ils vont repartir, s’il y a deux factions qui se
combattent, ils choisiront leur camp, le Mali n’est pas leur
préoccupation, ‘’ a-t-il souligné. Mohamed Mahmoud El Oumrany a fait
remarquer que ces hommes sont armés et que des leaders peuvent profiter
de leur présence pour poser des problèmes. Les rébellions de l’Azawad,
a-t-il signalé, ‘’ sont aussi vieilles que le fleuve Niger. Elle a ses
habitants connus comme des gens de l’Azawad qui l’occupent. C’est une
marque déposée comme le Kénédougou. Leur utilisation abusive est une
usurpation. Il y a aussi l’Adrar des Ifoghas et ses habitants, le
Timetrine et ses habitants, le Tilemsi aussi et ses habitants. ‘’ Il a
souligné que cette usurpation peut être tolérée parce qu’il n’y a pas
d’utilisation de la violence. C’est pourquoi, a-t-il ajouté, il n’a pas
eu de réaction. L’ancien ambassadeur estime toutefois que des forces
sont brandies pour acquérir des avantages politiques. Il a soutenu : ‘’
on est à la veille de plusieurs élections, il faut maintenir la paix. Le
gouvernement veut la paix. La présence de ces gens venus de Libye
constitue un épouvantail qu’on nous présente, mais le problème ne
dépassera pas la surenchère. Toute communauté qui utilisera la violence
contre les institutions de l’Etat et les populations trouvera en face
d’elle les autres communautés qui s’y opposeront. La paix ne doit être
troublée pour aucune raison. Je considère que l’équilibre des forces et
la volonté des communautés en place garantit l’absence de violence et la
paix. Personne ni aucune faction ne s’engagera sur le sentier de la
violence. C’est vrai que c’est une préoccupation, mais il n’y a pas
d’inquiétude, car la paix sera maintenue. ‘’
* Azzaz Ag Zoudag Dag. HCCT / « Je ne pense pas que la violence puisse résoudre les problèmes »
Azzaz Ag Zoudag Dag a fait
observer que la communauté irghadd suivait de très près la situation des
Maliens vivant en Libye, notamment depuis que les frappes de l’Otan
avaient commencé. De ce fait, a-t-il assuré, les Irghadd avaient pris
les devants pour encadrer les hommes venus de Libye. Selon lui, la
logique à suivre est celle d’impulser la paix. Il faut, a-t-il signalé,
gérer le problème dans le cadre de la paix globale et du développement.
Azzaz Ag Zoudag Dag a rappelé que leur communauté s’est organisée pour
les accueillir et les implanter dans un site, tout en informant les
communautés. Il a déclaré que les autorités, constituées d’une
délégation de 6 ministres accompagnés du gouverneur de Gao et de
plusieurs personnalités sont venus faire le constat de leur présence et
des armes lourdes. Il a indiqué qu’une commission régionale gère
actuellement la situation à Kidal et s’occupe de tous leurs nécessaires
avec une logique de démocratie républicaine. ‘’Je ne pense pas, a-t-il
ajouté, que la violence puisse résoudre les problèmes. ‘’
* Attaye Ag Mohamed, universitaire / « Il faudrait que les gens sachent ce qui se passe réellement »
‘’ Je m’exprime en tant que
Malien. On sait qu’il y a des gens qui sont revenus pour la paix et
d’autres armes à la main. Il faut déterminer l’objectif de chacun, ‘’ a
affirmé Attaye Ag Mohamed. Il a fait remarquer qu’aucune déclaration
officielle n’a été faite pour dire s’il y a rébellion ou non. Il a
observé des mouvements virtuels dans les médias en ligne et se pose
toujours beaucoup de questions. Même s’il y a eu des manifestations à
Ménaka et Kidal, a-t-il dit, ‘’il faudrait que les gens sachent ce qui
se passe réellement et si c’est le Mnla ‘’. Attaye Ag Mohamed a
toutefois constaté que leur méthode est pacifique. Les slogans de
division, a-t-il ajouté, ne sont pas forcément objectifs, mais sont
surtout des moyens de pression. Il a fait la distinction en signalant
que les ressortissants du Nord de notre pays sont tranquilles à Bamako,
car ces slogans ne sont pas forcément partagés par toutes les
communautés. Il a déclaré que le Nord n’est pas seulement habité par les
Touarègues. Par conséquent, a-t-il soutenu, il faut savoir qui sont les
vrais acteurs et connaître leurs véritables problèmes. Attaye Ag
Mohamed a indiqué : ‘’ je ne vois pas ce qui rassure dans les médias en
ligne, le pouvoir central doit communiquer, rassurer les populations, il
y a toujours une solution à un problème.
Abderrahmane Cherif Haïdara :
3ème vice président, du Haut conseil de collectivités térritoriales
représentant les maliens de l’extérieur / « Je demande une implication
de tous les élus de la nation »
Je demande une implication de tous
les élus de la nation : députés, élus du haut conseil des
collectivités, maires et toutes les bonnes volontés. Je pense qu’il
faut privilégier le dialogue, il faut aller au dialogue. J’apprécie
déjà ce que le président Amadou Toumani Touré a fait en envoyant
certains membres du gouvernement rencontrer nos frères qui sont venus de
la Lybie. Ceci traduit la volonté du chef de l’Etat à instaurer un
climat de confiance et sa volonté ferme de les considérer comme des
frères à nous. Nos frères qui sont venus aussi de la Lybie doivent
savoir qu’une revendication par l’arme est révolue. Le Mali a été
toujours une terre de paix, de partage, de fraternité. Notre pays est un
et indivisible « un peuple, un but, une fois ». Je lance un appel
pressant à nos frères venus de la Lybie d’intégrer le reste de la
population.
* Hamadou Kisso Cissé : élu HCCT de la région de Mopti. / « Il faut déposer les armes et intégrer la paix »
Je me demande si c’est des maliens
où des libyens. Si c’est des maliens qu’ils viennent à la paix avec
l’envie de développer le pays. Nous n’avons pas besoin de guerre
actuellement. Eux-mêmes, ils doivent pouvoir tirer les leçons de ce
qu’ils ont enduré et ce qu’ils ont vu en Lybie lors du conflit. Personne
ne peut rester indifférent à la situation, à leur sort mais ce qu’on
leur demande, c’est de déposer les armes et intégrer la paix.
* Hamidi Hama Diallo : élu de
la région de Mopti, 2ème questeur Haut Conseil des collectivités. / « Ce
sont des frères, ils sont chez-eux, mais il fallait les désarmer »
Ce sont des frères maliens qui
sont venus, ils sont chez eux. Mais je pense qu’il fallait les désarmer
depuis la frontière. Le Mali est un pays de paix où il y a la liberté
d’expression. La marche est aussi légitime si toutefois elle se passe
dans les règles qu’a dictées la constitution. A long terme, le
gouvernement doit beaucoup s’investir pour amoindrir les problèmes de
désenclavement. Cela a commencé, il faut encore s’investir surtout le
tronçon Niono-Tombouctou, Tombouctou-Bourem, Bourem-Kidal. Je pense que
cela va être un facteur d’intégration et facilitera beaucoup de choses.
Ces zones sont très enclavées et créent des conditions de vie difficiles
aux populations.
* Abouzeïdi Ousmane Maïga, Député élu à Gao / « Je ne peux pas dire grand chose »
Je ne peux pas vous dire grande
chose sur ce qui s’est passé à Kidal ou à Ménaka. Je l’ai lu dans la
presse comme tout le monde. Et, j’ai les mêmes informations que tout le
monde ramasse de gauche à droite.
* Une militante de la société civile / « Pourquoi le silence d’ATT ? »
Elle a soutenu que c’est dommage
qu’il n’y ait pas eu de débat sur la question quand de jeunes Azawadiens
se sont mis dans la tête qu’il leur faut l’indépendance. Le problème,
a-t-elle ajouté, provient de ceux-là même à qui l’Etat a fait confiance
et qui se trouvent au sein du gouvernement. ‘’ Y a-t-il derrière une
manipulation occidentale ? ‘’ s’est-elle demandée. Elle s’est surtout
désolée que des Touarègues quittent la Libye avec des armes et
s’installent à Gao, Kidal et Tombouctou ‘’sans que personne ne bronche.
Pourquoi ce silence ? ‘’ Elle est d’autant plus choquée, a-t-elle dit,
qu’elle avait entendu le ministre des Affaires étrangères et de la
coopération internationale, Soumeylou Boubèye Maïga, annoncer : ‘’ des
armes lourdes sont en train d’entrer au Mali. ‘’ Elle a reconnu que la
société civile qui ne bénéficie pas des moyens d’être présente sur le
terrain, ne maîtrise pas cette situation. Elle s’est interrogée : ‘’
Pourquoi l’Etat n’a pas mobilisé la société civile pour lui donner les
informations, quel est le degré de sincérité des notabilités touarègues
par rapport à cette situation, quelle est la position d’ATT, pourquoi
son silence ? ‘’
* Ibrahim Ag Mohamed Assaley député élu à Tessalit / « … Il faut dénoncer le Gouvernement qui a réuni les conditions… »
Il y a un véritable désordre de
part et d’autre dans cette partie du pays. En même temps qu’il faut
reprocher de telles initiatives à ses auteurs, il faut aussi avoir le
courage de dénoncer le Gouvernement qui a réuni depuis des années les
conditions pour que de telles manifestations voient le jour. J’ai
l’impression que les gens sont devenus sourds. Il faut dire que le
problème que vit la population de Kidal est le même que vivent toutes
les populations maliennes à travers toutes les régions du pays. Nos
populations sont toutes victimes de la corruption à ciel ouvert. Dans la
zone du nord, on a l’impression que l’Etat est absent, la population
manque de plus en plus de vivre et pire le territoire est occupé par des
barbus. Cette situation caractérise une véritable défaillance de
l’Etat. Et, il faut que tous les Maliens se lèvent comme un seul homme
pour dénoncer cet Etat de fait.
* Alghabass Ag Intallah, Député élu à Kidal / « Il faut dénoncer le laisser aller de l’Etat »
Ce qui vient de se passer à Kidal
et à Ménaka est à déplorer. Mais, il faut dénoncer le laisser aller de
l’Etat qui a provoqué ce désordre. Il faut constater qu’il y a un vrai
laisser aller dans cette partie du Mali qui est très mal géré par le
Gouvernement. Comment comprendre que n’importe qui vient y faire
n’importe quoi. Tout individu, même malfrat de grand chemin, est la
bienvenue dans cette zone du Mali. Il y a des années que nous signalons
tous ces problèmes qui sont de nature à mettre à mal la stabilité du
pays. Il y a toute sorte de banditisme dans cette partie du Mali. Cela a
fini par provoquer la pauvreté inexplicable chez les populations.
Désabusées par l’inaction de l’Etat qui dure depuis des années, les
populations ne savent plus à quel saint se vouer et tentent des actions
regrettables pour se faire entendre.
* Mamadou Diakité : 1er vive président du HCCT. / « Nous pouvons vivre ensemble dans la paix, la fraternité »
C’est regrettable ce qui est
arrivé en Libye. Nous tous regrettons le massacre qui s’est passé dans
ce pays. Tout compte fait, le peuple libyen est un peuple frère du Mali.
Maintenant ceux qui sont venus constituent une difficulté particulière
pour nous. Cela fait des charges supplémentaires avec des problèmes que
nous endurons déjà. Mais je pense que leur retour ne doit pas se
traduire par une rébellion. Ils sont venus, ce sont nos frères, nous
devons gérer les problèmes ensemble. Ils sont comme nos frères qui sont
allés en aventure. Je suis convaincu que le Mali détaché c’est comme une
voiture, un velot détaché. Et, personne ne peut se servir de sa part.
Il y a des revendications légitimes mais des revendications qui n’ont
pas comme objectifs la division du pays. J’en appelle à tout le monde,
au sens élevé du devoir patriotique. Nous pouvons tous vivre ensemble
dans la paix, la fraternité. Une guerre ne profite qu’aux trafiquants
d’armes.
* Alassane Abba, président du groupe parlementaire Codem / « Je suis inquiet »
Le député juge la situation très
préoccupante. Il a soutenu que l’atmosphère d’insécurité qui règne
habituellement au Nord de notre pays vient d’être renforcée par
l’arrivée de ces hommes de Libye avec des armes lourdes. Le président du
groupe parlementaire Codem a souligné que l’attention devrait être
beaucoup plus portée vers ce problème afin de prévoir toute
anticipation. D’autant plus, a-t-il laissé entendre, que les élections
générales sont proches.
* El Hadj Baba Haïdara dit Sandy, Député élu à Tombouctou / « Il paraît que des gens ont utilisé des élèves pour manifester»
Sur cette question, j’ai eu des
bribes d’informations qui ne sont pas de nature à m’amener à me
prononcer à hauteur de souhait. Selon ce que j’ai appris, il paraît que
des gens ont utilisé des élèves pour manifester dans les rues. Et que ce
n’était pas la population. L’Eta est en train de prendre toutes les
dispositions pour mettre l’école à l’abri de soubresaut. C’est vous qui
venez de m’informer qu’il y avait de grandes personnes parmi les
manifestants. Je n’ai pas cette information, donc, je ne peux pas vous
dire grande chose
* Mme Seck Oumou Sall, maire de Goundam / « Ces hommes sont choqués et d’autres ne connaissent pas bien le Mali »
Le maire de Goundam était en
mission à Lyon, en France, au moment du retour des Libyens d’origine
malienne. Malgré tout, elle a écouté certains de ses parents qui lui ont
rapporté que les arrivants sont très inquiets, choqués et que certains
d’entre eux ne connaissent pas bien le Mali. Beaucoup de ressortissants
de Goundam, lui a-t-on indiqué, ont rejoint leurs villages. ‘’Il faut
pouvoir les assister ‘’, a-t-elle recommandé. Elle a exprimé ses
inquiétudes, à cause de l’insécurité régnante et les capacités à s’en
sortir de ces hommes qui ont vécu tant d’années en dehors d’un
environnement difficile où les récoltes et le bétail ne sont pas
abondants.
* Professeur Assadek, Universitaire malien / « Il ne faut pas dramatiser les choses »
Je suis à Bamako depuis 1960.
Donc, je suis plus au fait du quotidien bamakois que celui du Nord
Mali. J’ai des informations comme tout universitaire sur le net.
D’abord, j’étais invité hier au lancement du livre du Docteur Mariam
Maïga à l’école de Maintien de la Paix Alioune Blondin Bèye. C’est une
vieille femme de Kidal jointe au téléphone qui m’a dit que ça ne va pas.
Des femmes, des enfants, des jeunes marchent pour réclamer
l’Indépendance de l’Azawad. Ça m’a renversé. J’ai dit : ça c’est quoi
encore ? Le gouvernement malien est allé montrer sa bonne foi avec six
ministres pour recevoir nos frères en armes provenant de la Libye. En
Côte d’Ivoire, les dirigeants avaient fait la même chose, mais il n’y
pas eu de tam-tam autour de nos frères qui ont fui la guerre en Côte
d’Ivoire. Je ne comprends pas le comportement du gouvernement qui fait
du tapage autour du problème du Nord. Je ne crois pas que les
revenants soient en rapport avec les revenants de la Libye. Il ne faut
pas trop dramatiser les choses. Pour le moment, on observe. Soyons
unis, parce que l’occident peut profiter d’une brèche comme ça. C’est
un schéma de déstabilisation de l’Afrique qui a commencé. C’était la
Côte d’Ivoire, puis la Libye. Maintenant, c’est une stratégie de
déstabilisation de l’Algérie et du Mali. Donc, il faut qu’on soit serein
et qu’on évite l’amalgame. Et puis, ce désordre peut profiter aux
politiciens. Il y a certains politiciens qui ne veulent pas partir. On
peut enflammer, dramatiser ce problème pour décréter un Etat
d’exception, annuler les élections….Il faut faire très attention à
l’instrumentalisation de cette affaire. Moi, je reçois même des messages
anonymes, d’autres messages qui ne sont pas anonymes, des menaces. Ma
vie est menacée à cause de ce problème. C’est par respect même au
Républicain que je me prononce sur la question. Sinon j’avais décidé de
ne plus parler de cette question. Alors à vous les journalistes de
calmer les esprits.
Source: Maliweb
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