28 déc. 2011

Sahel : alerte à la crise alimentaire


©Djibril Sy/PANAPRESS/MAXPPP La dernière crise alimentaire de grande ampleur remonte à 2005 (ici une vente de bétail au Niger). Mais les épisodes récurrents de sécheresse fragilisent de plus en plus durablement les équilibres vitaux dans tous les pays de la bande sahélienne. -  JPEG - 63.3 ko
La menace d’une grave crise alimentaire se fait jour dans plusieurs pays du Sahel. Caritas Internationalis, le réseau mondial des Caritas, auquel appartient le Secours Catholique, est en alerte et prépare un appel à la solidarité de ses membres.




Caritas Internationalis constate déjà « des baisses localisées mais importantes des productions agropastorales », en particulier au Niger, au Burkina Faso et au Mali. « Dans un contexte de prix élevés, cette situation compromet fortement l’accessibilité alimentaire des ménages les plus pauvres », s’inquiète le grand réseau des organisations humanitaires catholiques.
Ces augmentations s’expliquent par le déséquilibre entre l’offre et la demande, lui-même dû à des précipitations insuffisantes et aux mauvaises récoltes qui s’en sont suivies. Mais pas uniquement. Certes, au Sahel, les pluies ont été peu abondantes et mal réparties, et il y a eu moins d’eau dans les bassins fluviaux pour les cultures et le bétail. Mais en outre, les transferts d’argent des migrants, qui permettaient à leurs familles restées au pays de joindre les deux bouts, ont baissé.
Pour acheter des aliments devenus plus chers - jusqu’à 40% de hausse par rapport à la moyenne depuis 2006 -, les paysans bradent leur bétail ou leurs semences, pour ceux qui en ont encore, mettant en péril leurs moyens de subsistance pendant la période de soudure (entre deux récoltes) et pour leurs cultures de 2012.

Le mil augmente de 30% au Niger

Au Niger, les prix des céréales sont en forte hausse par rapport à l’année dernière, constate l’ONG Afrique Verte sur les marchés locaux : + 30% en moyenne pour le mil, 26% pour le sorgho, 24,5% pour le maïs et 12,5% pour le riz. Des hausses semblables sont constatées sur les marchés du Burkina Faso et du Mali.
Au Niger, « le gouvernement a identifié jusqu’à 750 000 personnes en insécurité alimentaire sévère » dans quatre régions, prévient le Programme alimentaire Mondial. Un chiffre qui risque d’atteindre un million au début de 2012, anticipe le PAM.

Un million d’enfants exposés

Un million est également le chiffre retenu par l’Unicef concernant les enfants du Sahel qui « risquent de souffrir de malnutrition sévère en 2012 si la communauté internationale n’intervient pas ».

Les pays prennent des mesures

Depuis octobre, certains pays se sont dotés de plans face à la crise et ont demandé de l’aide, appuyés par l’ONU, l’Union européenne et des ONG, afin d’éviter la réédition de la catastrophe alimentaire de 2009-2010 ayant affecté quelque dix millions de personnes au Sahel.
Distribution gratuite de vivres, semences ou matériels agricoles, ou leur vente à “prix social”, “travail contre argent” font partie des mesures déjà prises ou envisagées en Mauritanie, au Niger, au Mali ou au Burkina Faso.
Ouagadougou lancera dès janvier des distributions gratuites de vivres car il estime que dès mars-avril 2012, certaines familles modestes auront de sérieuses difficultés à faire face aux besoins alimentaires.
Caritas Internationalis a pour sa part lancé sa note d’alerte aux membres de la confédération, le 22 décembre, pour qu’ils se tiennent prêts à appuyer rapidement les Caritas locales face à la pénurie actuelle et à la « possible aggravation de la crise ». La confédération des Caritas privilégie les dons financiers, qui peuvent être utilisés sur place au mieux des intérêts des personnes les plus vulnérables et des économies locales.

Vigilance du Secours Catholique

Le Secours Catholique-Caritas France se tient pour sa part en état de vigilance, prêt à répondre aux demandes d’aide des Caritas sahéliennes. En juin 2010 déjà, date de la dernière crise alimentaire au Sahel, l’association avait débloqué plus de 150 000 € en urgence, somme complétée par un cofinancement du Ministère des Affaires étrangères (250 000 euros) et un appel aux dons pour ses partenaires du Niger et du Burkina Faso. Le pire avait ainsi été évité.
François Tcherkessoff (avec AFP)

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