21 févr. 2012

« L’Etat malien ne veut pas de nous »

Ancienne ministre du gouvernement malien et ex-fonctionnaire aux Nations unies, Zakiyatou Oualett Halatine, touarègue, a dû fuir après que sa maison a été pillée le 1er février.

« Le 1er février, une foule de femmes a attaqué des maisons et commerces de Touaregs à Kati (1). Elles cherchaient à se venger de la mort de leurs maris et fils soldats dans le nord du pays (2), région que l’État a laissée à qui veut depuis dix ans. Il y avait aussi des hommes en uniforme. Les manifestants, armés d’outils et de machettes, ont commencé à piller ma maison.
Après plusieurs heures, mon mari, craignant pour sa vie et celle de ma fille, a pu négocier leur sortie – je faisais mes courses. Deux personnes l’ont aidé à se frayer un passage à travers la foule. L’un deux était un policier. Depuis, nous nous sommes réfugiés en Mauritanie. Nous sommes partis sans rien.
Nous habitions Kati depuis une dizaine d’années, mais je ne veux pas rentrer au Mali. L’État malien ne veut pas de nous. Bien que je sois touarègue, je ne me suis jamais intéressée aux rébellions, parce que j’étais dans un esprit républicain. Aux yeux des autres Maliens, nous méritons ces représailles. Les gens qui auraient pu m’avertir ne l’ont pas fait.
SOUFFRANCES
Les soldats que la foule a voulu venger se sont engagés dans l’armée pour aller se battre. Nous ne sommes ni soldats, ni rebelles. En 1992, mon oncle a été tué, soixante personnes de la famille de mon mari exécutées par des militaires près de Gao, nos maisons pillées. J’ai fui avec ma famille, et je suis rentrée cinq ans plus tard. Je n’ai pas vu de juge, personne ne nous a retourné nos biens. Pourtant, j’ai un passeport malien, donc l’État me doit protection comme tout autre citoyen.
Il faut accepter que les Touaregs sont des Maliens sur leurs terres et peuvent gérer leurs affaires internes. Il faut que nous nous écoutions les uns et les autres. La souffrance n’a pas besoin d’interprète. »
(1) Ville située à 18 km au nord de Bamako, la capitale.
(2) Entre 80 à 150 militaires maliens ont été tués en janvier à Aguelhok. Le gouvernement évoque la piste d’Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et les rebelles touaregs ; la rébellion touarègue parle de bavure de l’armée malienne.
Recueilli par SUNNIVA ROSE
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