15 févr. 2012

Crise au nord-Mali: Les politiciens au cœur de la bataille du Forum

Crise au nord-Mali: Les politiciens au cœur de la bataille du Forum:
Le Président ATT vient de valider un projet « mâché » par les partis politiques devant servir de plan de sortie de crise du Nord-Mali. Des ajustements sont certes attendus de sa part afin de « renforcer la cohésion nationale ». Les formations politiques n’en resteront pas là car un Forum de la paix est annoncé et qui nous éclairera sur des réalités au lieu de nous en détourner.


Un peuple vit à travers l’âme des gens qui le composent. Le Nord- Mali prend place dans la cristallisation de nos imaginaires sociaux. L’aréopage de personnalités que l’on attend sera un peu le reflet argumenté d’un vécu national. Cependant, si l’on n’y prend garde, ce Forum risque de ressembler à un marché de dupes, surtout avec le jeu complexe des menées politiciennes qui est à l’œuvre.

C’est une course-poursuite qui s’est engagée après les évènements de la semaine dernière. On peut même ajouter qu’on a eu chaud dans le landerneau politique. Tout est parti de ce jeudi noir de la colère…Les politiciens se sont sentis aussi visés que l’était le Chef de l’Etat. Il a même été un moment envisagé de l’exfiltrer du Palais de Koulouba car la « houle » grondait et approchait.

C’était du jamais vu dans les annales dela République. Les femmes y allaient à marches forcées et le premier barrage des « facilitateurs » composés de hauts gradés militaires ne tiendra pas. De leur côté, les politiciens prirent peur aussi, et c’est en réaction d’écorchés vifs que les uns et les autres vont tenter de réagir. Bamako était alors livrée à la rumeur, à toutes les rumeurs. C’est à leur demande que les politiciens vont rencontrer ATT qui les assurera du suivi de ce dossier chaud de l’heure.

Le pourquoi du dérapage ? Un défaut, un déni de communication…Les émissaires galonnés qui furent envoyés discuter avec les femmes vont essuyer un refus courroucé. Pour elles, le site de Koulouba représentait bien une nation écartelée entre des indécisions. En ce moment-là, Koulouba ne pouvait plus être le lieu le plus sécurisé, le plus fermé. Des moments qui rappelaient à la classe politique les mauvais vents de Mars 1991. L’histoire ne se répète pas, elle joue des tours…

Les politiques cherchent un second souffle. Des leaders politiques sont à l’origine de ce « projet visionnaire », comme Dioncounda, Dramé, Maïga et les autres, ce Forum devant servir de décor ouvert sur une longue marche de pourparlers. Ces politiciens ont perdu une longueur d’avance pour n’avoir pas pris à temps la vraie mesure de ce problème. Le parti PARENA, pourtant en responsable, s’est toujours préoccupé des grands sujets de la nation. Et il a apporté sa brique pour la construction de solutions aux problèmes. La preuve : il y a moins d’un mois, les Béliers apportaient une fois de plus leur note sur ce dossier sulfureux de la bande sahélo-saharienne. Sentant son heure, Tiébilé Dramé monte sur les remparts. Il connaît les chantiers et les sentiers de cette partie septentrionale du pays pour avoir été par deux fois très près des dossiers au département des Affaires étrangères et à celui des zones arides et semi-arides. Les politiques sont attendus sur ce dossier du Forum pour voir leurs capacités à rassembler pour imposer un calendrier.

Dramé réaliserait ainsi un sans faute, mais le futur de son parti lui pèsera sur les épaules. Les politiques viennent de réussir un coup d’éclat en « rentrant » dans ce dossier…Le grand public en oublierait qu’il y a « un instinct casanier » chez les politiciens. C’est le lieu de « moquer » leur comédie compassionnelle pour ce Nord qui brûle. Il y a quelque chose qu’ils n’ont pas fait ou osé ensemble depuis dix ans qu’ATT est aux commandes, et brusquement ils se découvrent d’autres accents. Un Forum pour quoi faire ? La simplicité, la lisibilité, la stabilité de cette construction, tout y est pour nous rappeler que le véritable moteur dans cette affaire, c’est la montée en puissance des politiciens. A qui profitera cette grande messe ? Contre les ambitions de quel politicien notoire peut-elle être dirigée et qui est à la manœuvre ? La peur du vide s’ouvrant sous leurs pas lors de la semaine dite de la colère noire des femmes, ce vide, ils cherchent à le maquiller. Rien ne vaut alors le rituel du discours républicain du Rassemblement. Ce faisant, réduire la gravité du problème actuel du Nord- Mali à une telle caricature relève de l’ignorance de la réalité des faits du pouvoir. Le danger actuel est dans la disharmonie sociale (n’a-t-on pas lancé moult messages de tolérance vis-à-vis de l’autre à cet effet ?) avec le manque de perspectives pour les uns et où les forces centrifuges sont à l’œuvre comme l’irrédentisme touareg, la désaffection des jeunes pour la politique, le désœuvrement social…Les fins de règne ont ceci de commun dans la prise de distance.

Ce Forum a tout l’air d’un plaidoyer pro-domo bien optimiste, mais il ne pourra se résumer en un exercice de verbiage. Les vérités d’un Etat contre la vérité d’une victime rebelle ? Ce ne sera pas une toile de fond. Ceux qui seront là pour parler à leur place multiplieront sans doute les effets pour montrer le sérieux de leur entreprise, tandis que les représentants de l’Etat iront démontrer une fois de plus que la préférence nationale ou l’indivisibilité territoriale rapporterait gros.

Ce Forum peut-il être une promesse partagée par tous ? Bien sûr, il y a cet incommensurable besoin de réconciliation, mais avec un écueil à éviter : quel sens donnerons- nous à ces retrouvailles du week- end prochain ? Autour d’une table qui n’est pas celle des négociations.

Le tout sera-t-il musclé sur la forme et tranché sur le fond ? Comment va-t-on interpréter cet assistanat attendu des pays amis du Mali ? On ne présentera aux Maliens un projet précis que lorsqu’il aura été vraiment « boulonné ». En attendant, le pouvoir cherchera avant tout à optimiser le temps de présence militaire sur le terrain. A partir des places fortes, on pourra entamer une opération de remilitarisation des espaces à l’effet, dira-t-on, de combattre les forces d’AQMI et autres trafiquants. On dit que la foi peut soulever des montagnes. N’en demandons pas tant : il suffit que la foi fasse changer les avis sur tel ou tel sujet.

S. Koné

(Le Combat (ml) 15/02/2012)

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