10 févr. 2012

Dans les camps de réfugiés maliens au Burkina Faso, "on manque de tout"

 
Alors que les combats font rage entre les rebelles touaregs et l’armée malienne dans le nord du Mali, les réfugiés affluent par milliers dans les pays voisins. Notre Observateur vient de passer quatre jours dans deux camps de réfugiés au nord du Burkina Faso, où aucune aide n’est encore arrivée.
 
Regroupés au sein du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), les rebelles touaregs ont lancé à la mi-janvier une offensive contre l’armée malienne. Ils réclament l’indépendance de l’Azawad, la région sahélienne du Mali où les touaregs sont majoritairement implantés. Les rebelles ont pris d’assaut plusieurs villes du nord du pays et contrôlent désormais Tinzawatene, à la frontière algérienne.
 
Les violences ont provoqué un exode massif de la population. Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le nombre de Maliens déplacés à l’intérieur du pays s’élève à 30 000 personnes. Des milliers d’autres ont préféré traverser la frontière pour se réfugier au Niger (15 000, selon le CICR), en Mauritanie et au Burkina Faso (9 000 et 3 000 selon le Haut Commissariat aux réfugiés - HCR).
 
Les équipes du HCR et du CICR s’organisent sur le terrain avec les autorités nigériennes, mauritaniennes et burkinabè pour venir en aide aux réfugiés. Mais plusieurs campements attendent encore la venue des secours. Au nord-ouest du Burkina Faso, dans les camps de Djibo et de Gandafadou, près de 1 500 déplacés manquent de tout.
 
 
 
 
Contributeurs

"On nous a dit que le HCR allait venir mais nous ne savons pas quand"

Assan Midal est guide touristique à Bamako. Il est Touareg et a quitté la capitale malienne la semaine dernière. Il vient de passer plusieurs jours dans deux camps de réfugiés au nord du Burkina Faso, non loin de Djibo (un chef-lieu situé à 50 km de la frontière malienne). Il a ensuite rejoint la capitale Ouagadougou, d’où il a pu nous envoyer ses photos.
 
J’ai vu des familles entières arriver à dos de chameau, en charrettes tirées par des ânes mais aussi en voiture, à moto ou à pieds. La plupart sont parties sans rien emporter ; seules quelques couvertures sous lesquelles elles s’abritent pour dormir. Il y a un puits pour chacun des camps, mais il n’y a pas assez d’eau pour tout le monde. Certains avaient quelques provisions de céréales, mais la nourriture manque cruellement. Beaucoup d’enfants sont très faibles à cause du voyage [de plusieurs jours pour certains], mais aussi parce qu’il y a beaucoup de vent et de poussière.
 
 
 
 
Ces photos ont été prises cette semaine par notre Observateur, Assan Midal, dans un camp de réfugiés à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso. 
 
"Des responsables ont été nommés pour recenser les réfugiés"
 
Dans le camp de Djibo, des gendarmes sont venus constater la situation. Ils nous ont dit que le HCR allait arriver, mais nous ne savons pas dans combien de temps. Une télévision locale a aussi fait le déplacement. A part ça, les familles sont coupées du monde. Du coup, en attendant les secours, il leur a fallu s’organiser. Des responsables ont été désignés dans les deux camps pour recenser les réfugiés et leurs besoins. Ils s’occupent aussi de récupérer du bois pour construire des cabanes.
 
La grande majorité des gens sont des touaregs. Ils sont partis par peur des représailles [depuis que le MNLA se bat contre l’armée malienne, certains Maliens font l'amalgame entre les rebelles et les civils touaregs qui sont pris à partie, NDLR]. A ma connaissance, ils n’ont pas subi de violences physiques, mais des pressions de la part de la population. Pour certains jeunes, le plus dur à admettre est d’avoir été menacés par des voisins et des gens qu’ils fréquentaient tous les jours."
 
Billet rédigé avec la collaboration de Peggy Bruguière, journaliste à FRANCE 24.

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