Grosse déception samedi soir pour les fans du groupe malien Tinariwen.
Le concert attendu pour clôturer les soirées du troisième Festival
international des arts de l’Ahaggar n’a pas eu lieu.
Tamanrasset
De notre envoyé spécial
De notre envoyé spécial
Le chanteur et leader du groupe Ibrahim Ag Alhabib n’ pas pu faire le
déplacement à Tamanrasset. Trois membres de Tinariwen ont pu rejoindre
la capitale de l’Ahaggar Alhassan Ag Touhami, un des fondateurs du
groupe, Abdallah Ag Al Husseini, auteur compositeur, et Iyadou Aglesh,
bassiste. Ils ont, pour compenser l’absence de Tinariwen, joué avec un
groupe local. Bastian Gsell, manager du groupe, a parlé d’échange
artistique sur scène. « Ce n’est pas facile de voyager actuellement au
Mali. On réalise la situation et on fait ce qu’on peut. Nous avons
repoussé les dates des billets d’avion pour notre tournée
internationale. On doit jouer en Australie, à Hong Kong, en Nouvelle
Zélande puis l’Europe », a annoncé le manager.
D’après ses dires, Ibrahim Ag Alhabib est occupé par sa famille au
Mali. « Il est dans une situation où pour exprimer son art, il doit se
sentir disponible pour cela. Il est un peu dans la confusion sur les
événements. La bonne nouvelle est que dans l’endroit où il est, sa
sécurité est assurée pour lui et sa famille. Ibrahim se refugie dans son
jardin avec ses animaux. Le désert impose un mode de vie. Ibrahim ne
sent pas prêt psychiquement à vivre la tournée internationale. Même à
plus de 50 ans, Ibrahim est émotionnellement très sensible », a-t-il
ajouté.
Le nord du Mali connaît depuis plusieurs semaines un brusque et curieux
réveil des rebelles de l’Azawad, certains sont revenus armés jusqu’aux
dents du conflit libyen. « Ce qu’on fait avec Tinariwen à
l’international est que la musique prenne le pas sur les problèmes.
Ibrahim est dans le souci de ce qui se passe chez lui, pour sa famille.
On respecte son choix. Ibrahim a dit oui pour venir à Tamanrasset. Il
exprime une clarté dans son art. Il refuse de se présenter s’il ne sent
pas à l’aise. Cela dit, ce n’est pas la première fois qu’il ne vienne
pas. Cela est arrivé ces douze dernières années. Les événements ne
favorisent l’éloignement de sa famille », a encore affirmé Bastian
Gsell.
Selon lui, le Grammy Award, le prix prestigieux qu’a eu dernièrement
Tinariwen pour le meilleur album de World music (« Tassili » enregistré
en 2011 à Djanet), rend le groupe plus responsable dans ses actions
futures. Il craint que la tournée internationale soit compromise en
raison de ces défections. Cependant, il n’a pas écarté le cas extrême de
faire monter sur scène trois musiciens sur six. « Tinariwen, c’est
plusieurs formules ! Mais, ce n’est pas ce que je souhaite. J’espère
qu’on en arrivera pas là », a soutenu le manager soulignant le caractère
éprouvant des tournées. Tamanrasset est-elle devenue petite scène pour
Tinariwen après le Grammy Award ? « Je ne le pense pas », a répondu
Bastian Gsell. Selon lui, Tinariwen reviendra en Algérie au mois de mai
prochain.
Il reste que cette absence à Tamanrasset, région où Tinariwen compte des milliers de fans, a laissé un goût amer autant pour le public que pour les organisateurs du Festival.
Il reste que cette absence à Tamanrasset, région où Tinariwen compte des milliers de fans, a laissé un goût amer autant pour le public que pour les organisateurs du Festival.
Samedi soir, la star montante du blues targui, le nigérien Omar Moctar
Bambino est remonté sur scène, après un concert vendredi soir, au grand
bonheur de ses admirateurs. La soirée a été entamée par un récital de la
grande diva de la chanson mauritanienne, le blueswoman du désert,
Mâalouma Bent El Mokhtar.
El Watan