22 févr. 2012

« Kigat », post Kidal-Info 18-01-2012

Les diplomaties des grands pays de ce monde ont cela d’extraordinaire qu’elles arrivent, dès fois, à inverser, dans nos pays, les rapports de force entre deux parties ou à nous imposer, quelques fois, leurs vues pourtant contraires à nos propres aspirations. Et contre cela, il faut croire que nous avons très peu de marge de manœuvre pour résister et cela quelque soit notre détermination à le faire. Dans le conflit qui oppose dans le Nord Mali le Mouvement National de libération de l’Azawad (MNLA) et l’Armée malienne c’est bien, en l’occurrence, la diplomatie Française qui s’active pour administrer sa solution aux deux parties en guerre. Le MNLA se trouverait ainsi désormais sous les feux nourris des artilleurs d’un autre genre, à savoir les fonctionnaires aguerris du Quai d’Orsay et de la diplomatie Ouest-africaine. Au même moment, Bamako s’aligne et jette ses dernières forces dans les combats sur le terrain, persuadée, à tort, que la bataille est de toute façon terminée.


Une analyse rétrospective des déclarations et du balai diplomatique de ces derniers jours concernant la situation au Nord Mali semble indiquer Paris comme le centre névralgique de la solution. Tout amène à affirmer, sans trop se tromper, que la position de Paris a pourtant été définie dans ses grandes lignes dès les premières heures du conflit. Une tournée du ministre de la Coopération français dans les capitales de la sous-région n’avait dès lors d’autre but que de mettre une dernière main au plan ou les idées prédéfinies en affinant et accordant les positions des uns et des autres. Quand Alger, dernière étape du marathon de M. Raincourt, aura finalement donné sa bénédiction, les choses apparaîtront, à nous autres profanes, un peu plus claires dans ce conflit qui cache bien, pour l’instant, son jeu.

S’il est une chose par contre bien claire pour le commun des mortels, c’est qu’un grand pays comme la France ne modifie pas au gré des circonstances sa politique des affaires étrangères et ses positions bien éprouvées en matière de diplomatie. Et le conflit en cours n’est certainement de ceux qui pourraient faire bouger les lignes de cette politique et cette diplomatie. Dans tous les cas, le contexte oblige la France, d’une certaine façon, à œuvrer dans le sens de contenir ce qui est faussement présenté comme étant uniquement un dommage collatéral d’une crise libyenne où Paris fut, un temps, un acteur de premier ordre. Le contraire n’aurait fait que, au-delà de la question même de sa responsabilité, condamner davantage la France au regard de ce qui est advenu de la Libye, par au moins toute l’opinion publique africaine.

La CEDEAO de son côté, avec désormais à sa tête un « grand » ami de Paris, durcit le ton. Pour l’instant on ne parle pas ni de l’ONU ni de l’Union africaine. L’UA qui a été superbement ignorée lors de la crise libyenne le sera également pour gérer ce que cette Organisation considère comme la conséquence de la guerre en Libye. De toute manière, une certaine audience internationale du conflit apparaît contraire aux positions de certains pays de la sous-région, à commencer par le Mali.

A l’heure actuelle, un regard attentif doit être tourné du côté de notre Grand voisin algérien, pas trop bavard pour l’instant (attentiste et prudent?) et pourtant partenaire incontournable pour toute solution. Un isolement de fait, autrement un embargo à minima et à moindre frais, n’est pas à exclure, consistant à placer ainsi le MNLA dans une sorte d’assignation à résidence dans le désert si jamais les positions des deux pays s’accordaient. En conséquence, cette pression diplomatique très forte risquerait de prendre de court le MNLA et contraindre, à très court terme, au moins une partie de ses combattants à accepter un cessez-le-feu.

Toutefois, le MNLA n’aurait pas tout perdu pour autant, sauf à s’entêter dans une issue improbable que toutes les forces convergent actuellement à circonscrire. Aux tensions sur le terrain, la nervosité est fortement escomptée dans les rangs de l’Armée révolutionnaire. Une embûche de plus à franchir sous les pieds des représentants du Mouvement de libération, qui voient diminuer à vue d’œil, à leur grand désespoir, l’intensité des soutiens miroités et leur visibilité au plan médiatique.

Si des indices laissent croire, pour l’instant, que le mouvement indépendantiste est en voie de perdre la main sur le cours des évènements, ceci ne présage en rien de l’évolution de la situation à long terme. Il faut néanmoins reconnaître que nous sommes face à un conflit « lointain » qui n’a pas réussit à s’accaparer son « opinion publique internationale », malgré les erreurs grossières que Bamako a pu commettre et malgré désormais un peuple en exil. Les médias internationaux ne semblent pas pour l’heure se bousculer aux portillons pour relayer un éventuel bien-fondé de la situation en cours. Cette timidité ou réserve des médias pourrait en partie s’expliquer par deux circonstances: d’une part, une collusion supposée ou avérée (selon du côté qu’on prête l’oreille) entre le MNLA et AQMI et, d’autre part, les conséquences du dégèle de la situation libyenne. Les revendications du mouvement indépendantiste, noyées dans ces « deux grandes peurs », risqueraient au final de se réduire comme peau de chagrin, sans espérer un autre écho que celui de la colère de tous ceux qui auront perdu une vie ou l’espoir d’une vie tranquille.

Cette crispation de la presse internationale à donner un écho aux revendications du MNLA est très fortement confortée, par ailleurs, par l’absence ou l’isolement de la branche politique de ce dernier. En effet, les porte-paroles du MNLA ne semblent pas faire montre d’une stratégie de communication véritable et cohérente à même de dégager une vision claire de la situation et maintenir une certaine pression quant à la légitimité de leur guerre. Certaines déclarations révèlent même une déconnexion inexplicable entre les branches politique et militaire du MNLA et même un manque flagrant de coordination entre ses porte-paroles. Les seuls communiqués publiés se limitent à réagir à l’événementiel lorsqu’il ne s’agit pas d’un inventaire nécrologique ou des tentatives de justifications contre des faits ou déclarations qui accuseraient leur Mouvement. En outre, la prolifération des images sur internet ne montrant que des hommes en armes, un arsenal de guerre et les morts suffisent à planter un décor indigeste et offrent, par ailleurs, aux presses du monde entier de quoi alimenter leurs a priori au lieu de les inciter à aller témoigner sur terrain. A cela, il faut ajouter la réticence non moins négligeable d’une partie des populations de l’Azawad à se reconnaître dans la guerre de libération. Toutes choses qui relèguent, du coup, au second plan, au lieu d’être au centre de toute communication, les questions du sous-développement et la situation d’insécurité entretenue dans les régions nord et les conditions épouvantables des réfugiés. Par ailleurs, il n’en faudrait pas plus à Paris et à ses partenaires qu’un message de confiance quant à un retour prochain à la paix pour que les médias se détournent, pour de bon, de cette guerre. Un retour à l’oubli mettrait dès lors chacun face à ses propres misères, accrues par ses propres fautes.

Au final que faudra-t-il espérer? Fort désormais d’un retour d’expériences quant à la gestion de cette situation de conflit permanent, les mêmes erreurs amenant toujours aux mêmes misères doivent être bannies. Aux experts de nous trouver le bon cadre et les bonnes voies à suivre. Néanmoins, si des accords venaient à être conclus, ils doivent à ce moment-là être assortis d’un mécanisme contraignant quant au respect de leur application et garantis par une Organisation ou un pays tiers (CDEAO?, France?, etc). Seule la bonne volonté des uns et des autres pourra imposer une paix réelle et sûre dans l’Azawad. Autrement, malgré la force des pressions (militaire et diplomatique) en œuvre, les armes dicteront leur loi et les collusions que la communauté internationale chercherait par ailleurs à combattre seront plus accrues et cette fois-ci bien réelles.

Par ailleurs, une certaine « réconciliation » doit être recherchée entre tous les ressortissants du Nord. En cela qu’une conscience collective doit naître autour des acquis des luttes passées, pour créer, de fait, une autonomie en matière de développement de nos régions. Les fruits de la lutte ne doivent pas être confisqués par les bouches voraces et détournés de leur objectifs. Beaucoup de personnes (élus, etc.) travaillent aujourd’hui dans le cadre des acquis du Pacte national sans en avoir la conscience, ce qui est un véritable échec. Nos régions ne sont pas que le désert, à force de volonté et d’engagement, il est bien possible de rendre compétitives ces régions à l’instar des autres régions du pays et cela pour le bien de l’ensemble du peuple malien. Dans ce sens, la branche politique du MNLA ne doit en aucun cas rendre les armes.



Kigat- KIDAL INFO



Posté le 18/22/2212 à 16H22

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