10 févr. 2012

Lancement d’un programme de développement au Niger

Tandis que les Touaregs maliens se révoltent ouvertement, les autorités nigériennes décident de traiter les doléances économiques présentées par les citoyens.
Le Président nigérien Mahamadou Issoufou a lancé la semaine dernière un nouveau plan de développement en direction de la région nord du pays, habitée par des tribus touaregs et arabes.


Le « Forum du développement et de la paix » s’est ouvert le 23 janvier à Arlit, à l’est d’Agadez. Ce projet a pour objectif d’éviter une rébellion des Touaregs nigériens similaire à celle menée par les Touaregs dans le nord du Mali.

Le chef de l’Etat nigérien a déclaré que le programme avait été lancé en raison de « l’apparition de mouvements rebelles, la propagation du terrorisme au Sahel et au Sahara, et les trafics d’armes et de drogue qui déstabilisent la sécurité ». Il a ajouté que tous ces éléments « étaient des facteurs qui avaient contribué à stopper le développement économique et social, et à mettre un terme à l’âge d’or dans la région ».

« L’insécurité est étroitement liée aux conflits résultant des trafics », a-t-il poursuivi. « Nous devons par conséquent nous unir et prêter attention, indépendamment de nos nationalités et ethnies, au développement de nos provinces, plutôt que de renforcer les ambitions de certains. Nous allons élaborer un programme social ambitieux qui visera l’intégration des anciens rebelles touaregs ».

L’initiative du Président nigérien a été saluée par le Premier ministre malien Cissé Sidibé, qui comptait parmi les invités de la cérémonie de lancement du projet. « Une coopération à la fois dynamique et rapide entre les pays de la région exige la mise à disposition de toutes les capacités disponibles pour faire face aux menaces posées par les réseaux terroristes transfrontaliers », a-t-il ainsi déclaré.

Ibrahim Ghoyson, analyste spécialisé dans la région du nord du Niger, a indiqué que ce nouveau projet était similaire au programme de développement mis en place par le Mali, le PSPSDN.

« Au lieu d’embaucher des employés du sud, le gouvernement du Niger doit impliquer les habitants locaux du nord du Niger dans la sélection des superviseurs de ce projet, pour qu’il puisse être dirigé de manière à bénéficier à tous les habitants de la région », a-t-il ajouté.

Pour leur part, les Touaregs du nord du Niger ont favorablement accueilli cette initiative du Président, la qualifiant de seul moyen de mettre un terme à l’instabilité dans la région.

« Nous apprécions ces démarches et nous appelons nos frères qui mènent une rébellion contre le gouvernement malien à revenir à la raison et à reprendre les négociations plutôt que de recourir à la violence », a déclaré Mohamed Anako, leader touareg qui avait dirigé la révolte dans les années 1990 contre le gouvernement du Niger, et actuel président du conseil provincial d’Agadez. « La situation, telle qu’elle est en ce moment dans le nord du Mali, nous inquiète beaucoup ».

C’est le même appel qui a été formulé par Rhissa Ag Boula, ancien chef des rebelles touaregs et conseiller du Président, en partageant son désarroi : « Comment nos frères touaregs du nord du Mali peuvent-ils déclarer une république touareg sans les Touaregs du nord du Niger, d’Algérie, de Libye et du Burkina Faso ? Si nous ne sommes pas d’accord avec eux, comment peuvent-ils déclarer un Etat touareg ? »

Il a également évoqué les conséquences désastreuses des rébellions passées. « La seconde rébellion a eu un prix élevé en termes de vies humaines et a été à l’origine d’un retard majeur pris dans le développement de la région nord du Niger, dans laquelle nous vivons. Concernant la troisième rébellion, elle a été proche de l’enfer pour l’ethnie touareg au Niger », a-t-il ajouté.

« Dans le passé, les révoltes pouvaient aboutir à quelque chose », a-t-il conclu. « Aujourd’hui, à l’ère de la démocratie, les révoltes ne peuvent plus déboucher sur quoi que ce soit. Exprimer nos doléances doit exclusivement se faire par le biais de moyens pacifiques ».

L’appel lancé par Ag Boula en faveur d’une résolution pacifique a été repris par Ould Amido, un Touareg devenu colonel dans l’armée malienne. S’exprimant sur une chaîne de télévision publique malienne le 25 janvier, cet officier militaire touareg a déclaré qu’aucun groupe tribal ne pouvait amorcer seul une rébellion.

« Ce n’est pas le moyen le plus efficace de développer la région du nord malien », a-t-il expliqué. « De plus, la région d’Azaouad revendiquée par le Mouvement national pour la libération d’Azaouad accueille des Touaregs, des Arabes, des Sonraïs, des Touaregs du Niger, de Mauritanie, du Burkina Faso et d’autres pays de la région du Sahel ».

Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 01/02/12

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