18 févr. 2012

NOMADES EN FUITE

Le premier article en Knack de cette semaine dans la presse néerlandophone, bien informé et objective, grâce A Mohamed Ali Ag Mohamd et Maila Denys.

Au Mali il y a des dizaines de milliers de personnes qui fuient les combats acharnés entre les forces gouvernementales et les rebelles touaregs du MNLA. Ces derniers veulent créer la République indépendante de l'Azawad.

Depuis le 17 janvier, le Mouvement National pour la Libération de l'Azawad mène une offensive dans le nord du Mali (MNLA). Des dizaines de milliers de personnes fuient vers les pays voisins comme le Niger, la Mauritanie et le Burkina Faso. Cette problèmatique s’est entre-temps également répandu dans le reste de ce pays de l'Afrique de l'Ouest. Les femmes des soldats de l’armée gouvernementale malienne ont tenu une manifestation dans la capitale Bamako protester contre le président Amadou Toumani Touré comme quoi son armée n'a pas assez d'armes pour combattre les rebelles dans le Nord. Des jeunes ont profité de ce chaos dans les grandes villes pour piller et attaquer les gens avec une couleur de peau différente. 

Le MNLA veut créer une République Indépendante de l’Azawad dans la région désertique qui est principalement peuplée par des Touaregs. La zone s'étend sur les régions du Nord du Mali et du Niger et sur une grande partie du sud de l'Algérie. L'armée rebelle a réussi rapidement la conquête d’une dizaine de petites villes et villages au Mali. Malgré la désinformation des deux côtés du front et la présence limitée des observateurs neutres sur place, il est très difficile pour la population d’obtenir une vue d'ensemble de la situation. Fait est qu'il y a un grand afflux de réfugiés. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) parlait la semaine dernière de plus de 20 000 personnes qui ont traversé les frontières nationales maliennes. Dans les régions du Nord de Tombouctou et Kidal plus de 50 000 ont quitté leur résidence. Aussi beaucoup de Mauritaniens et Touaregs vivant dans la capitale Bamako ou d'autres villes du Sud du Mali ont entre-temps fui. Ils ont peur que l'histoire se répète. 

RETOUR DE LIBYE

L'appel du président Touré pour préserver l'unité nationale n’a pas été entendu. En outre, l'armée malienne est incapable de réprimer l'insurrection rapidement. Une des raisons pour cela est que dans les accords de paix établies après une révolte similaire dans les années 1990, les rebelles et d’autres touaregs devaient être intégré dans l’armée Malienne. Cela signifie que, par exemple, dans la province de Tombouctou plus de quatre-vingt-dix pour cent des soldats sont des Touaregs. Et maintenant on attend d’eux qu’ils combattent les forces rebelles de leur propre groupe ethnique. Le résultat est que des unités entières ont déjà rejoint le MNLA et qu'il y a toutes sortes de renseignements de l'armée qui passent vers les rebelles. Pour avoir un résultat efficace, l’armée doit d’abord nettoyer ces propres rangs. 

Le mécontentement des Touaregs n'est pas nouveau. Le gouvernement malien n'a jamais vraiment tenu les promesses lors des accords de paix en 1996. Les Mouvements Rebelles et Fronts Unifiés de l'Azawad (MFUA) ainsi que le Mouvement Patriotique Ganda Koye (MPGK) ont ensuite été dissout. En échange il y aurait plus de soutien économique pour les régions du Nord et elles pourraient obtenir une meilleure représentation sur la scène politique. Le conflit est resté tout ce temps en sommeil alors que le Mali était considéré par le monde extérieur comme un des plus stables pays du continent africain. 

La chute de Mouammar Kadhafi a conduit au retour de nombreux Touaregs maliens vers leur territoire d’origine alors qu’ils avaient émigré auparavant vers la Lybie. Beaucoup d'entre eux faisaient partie de la milice qui ont soutenu Kadhafi. Quand les Libyens se sont rebellés l’année dernière contre leur dictateur, les Touaregs sont revenus au Mali en emmenant leurs armes. Aujourd'hui, ils forment avec les déserteurs de l'armée malienne la base du MNLA. L'armée rebelle recrute facilement parmi la jeune population masculine frustrée. Parce que dans le Nord du Mali, il n'y a presque pas de travail, même pas pour ceux qui ont étudié. Le fait qu'ils sont négligé comme groupe ethnique leur a fait prendre facilement les armes. 

Le président Touré qui termine son deuxième mandat dans quelques mois ne s’est pas rendu populaire auprès des Touaregs à cause de son remaniement des provinces. Les vastes provinces du Nord, c’est à dire Gao, Tombouctou et Kidal ont été séparées. A cause de cela les Touaregs nomades ne peuvent plus laisser paître leurs troupeaux n’importe où. De cette façon le gouvernement espère obtenir un meilleur contrôle sur le commerce illicite ainsi que sur les groupes armés de la région, en particulier, la section locale d'Al-Qaida (AQMI). Le MNLA nie fermement les allégations comme quoi ils auraient l’appui des groupes terroristes. Ces dernières années AQMI a en effet fait appel aux Touaregs lors des récentes attaques terroristes, ce qui facilite les accussations gouvernementales de lier les rebelles au réseau terroriste. 

Parmi les Touaregs qui n’habitent pas le Nord du Pays craignent un conflit armé. Même ceux vivant dispersés sur d’autres régions du Mali se sentent menacés. Entre autre à Bamako il y a des représailles détruisant des dizaines de maisons et commerces Touaregs. Les résidents qui n’avaient pas encore fui, ont été attaqués dans la rue. Les agresseurs n'ont fait aucune distinction entre les rebelles et les Touaregs ordinaires. Même d'autres populations qui, comme les Touaregs, ont une couleur de peau légèrement plus claire, telsque les Peuls et Arabes ont subi le même sort. 

LES ASSAUTS

Mohamed Ali Ag Ahmed réside actuellement à Anvers pour son master en médecine. Il est originaire de la région de Tombouctou et a travaillé pendant de nombreuses années dans la région de Kidal. « Les attaques contre les Touaregs ont commencé après la démonstration des épouses des soldats. On ne sait pas qui est derrière ces assauts. Il y a peut-être certains opportunistes pour profitent du chaos pour piller. Mais d’autres sources parlent d’ordres venant de plus haut. Il me semble peu probable que le Président aurait donné ce type d’ordre. Mais la chance que les assauts ont été ordonés par des fonctionnaires de niveau inférieur, peuvent être bien probables. »

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