15 févr. 2012

Nord-Mali: La rébellion touarègue renforce les craintes pour la sécurité au Sahel


C’est sans appel : l’inquiétude grandit concernant l’impact de la révolte des Touaregs au Mali sur la sécurité au Sahel. Mais les rebelles démentent entretenir tout lien avec les terroristes. Pendant ce temps, le Gouvernement malien assure et rassure que malgré la rébellion des touaregs, il est engagé dans les efforts antiterroristes.


Selon certains observateurs, le conflit actuel en cours entre le Gouvernement malien et les rebelles pourrait entraver les efforts du Sahel dans sa lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) , et c’est ce que redoutent les spécialistes de la sécurité. Lors des combats du jeudi 9 février dernier, l’Armée malienne a lancé des frappes aériennes pour arrêter l’avancée des rebelles.

Cette attaque survenait une semaine après qu’une délégation malienne conduite par le ministre malien des Affaires étrangères, des membres de l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement (ADC) et des Touaregs se soient rencontrés pour des entretiens à Alger. Ces négociations s’étaient terminées par un appel urgent à l’arrêt des combats, au dialogue et à la consultation. Toute chose que les rebelles rejettent aujourd’hui.

Si le 7 février dernier, le ministre Soumeylou Boubèye Maïga a réaffirmé la détermination du Gouvernement malien à lutter contre les groupes terroristes et le crime transnational, la question reste un sujet de préoccupation croissante pour les pays voisins du Mali et au-delà. De son côté, la responsable de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Catherine Ashton, a fait part de son grand intérêt à assurer la sécurité, la stabilité, la démocratie et la promotion de la paix dans la région du Sahel et à garantir l’intégrité territoriale malien. Par la même occasion, Ashton a appelé les parties à mettre dès que possible un terme à la confrontation armée et à s’engager dans un dialogue constructif.

« Pour parvenir à la paix, un cessez-le-feu doit immédiatement entrer en vigueur afin que nous puissions créer les conditions optimales pour un dialogue et lancer des activités visant la sécurité et le développement », a commenté Ivor Richard Fung, Directeur du Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique. Pour sa part, Victoria Nuland, porte-parole du département d’Etat américain, a condamné les attaques, par des groupes armés, contre des villes du Nord. « Ces actions menées par des groupes qui prétendent défendre les droits des Maliens menacent en fait le bien-être de l’ensemble des citoyens du Mali. Nous appelons à la reprise du dialogue pour parvenir à une résolution pacifique du conflit en cours », a-t-elle déclaré.

Quant à Moussa Ag Acharatoumane, responsable des Droits de l’homme et des relations avec les organisations internationales au sein du MNLA, il a nié « toute relation avec Al-Qaïda dans la région ». Il a également réfuté l’information selon laquelle son mouvement a obtenu des armes libyennes avant de préciser : « Mais nous ne sommes pas concernés par un appel à l’arrêt des combats lancé par les interlocuteurs en Algérie parce que l’Alliance du 23 mai, qui est engagée dans un dialogue pour le compte des Touaregs, ne représente pas le peuple de l’Azawad. Cette position ne signifie pas du tout notre rejet du dialogue. Nous sommes ouverts et prêts au dialogue, mais à la condition qu’il débouche sur une solution fiable ».

Le secrétaire général du MNLA, Belal Ag Sharif, partage ce point de vue. « Nous sommes prêts pour des négociations débouchant sur la fin du conflit qui a dévasté la région et est à l’origine de la présence de groupes extrémistes et de réseaux de trafic très complexes, par suite de l’absence de l’Azawad pour diriger la région. Ce conflit a détruit la stabilité et s’est propagé dans les pays voisins », a-t-il informé avant de préciser : « Nous n’avons aucun lien avec Al-Qaïda, une organisation qui nous est étrangère en termes de comportements et d’interprétation religieuse des textes. Personnellement, je n’ai rien vu ressemblant à Al-Qaïda dans la région de l’Azawad. Quant aux armes libyennes, les dépôts ont été ouverts à la chute de Kadhafi. Ceux qui voulaient s’en emparer l’ont fait, ceux qui voulaient les acheter l’ont fait. Mais nous n’importons aucune arme et nous n’avons absolument pas d’argent pour les acheter ».

Jean Pierre James

Le Combat

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