9 mars 2012

Agadez : La grande ferveur du Mouloud, une histoire de foi

Le mouloud ou Gani a été et est depuis des siècles, l’une des plus anciennes traditions religieuses d’Agadez. Il est célébrée en deux phases étroitement liées. « Cette année, Agadez la cité de l’Aïr, célèbre la 889ème édition du mouloud. Ce jour symbolise le baptême du prophète Mohamed (Paix et salut de Dieu sur lui). 


L’islam est arrivé, soulignons-le dans l’Aïr vers les années 666 de l’an musulman. C’est le saint Zakaria, constructeur de la grande mosquée Emiskinine qui a amené cette culture religieuse à Agadez, et c’est pour cette raison que la grande cérémonie est célébrée au quartier Amdit où se trouve présentement sa demeure et sa mosquée appelée Tandé »,  précise Mallam Namadina, érudit et membre de l’observatoire religieux d’Agadez.


Les manifestations du mouloud débutent le 24 du mois musulman de Safar qui correspond à l’Hégire. A la fin de ce mois les fidèles se retrouvent  dans une des plus anciennes écoles coraniques de la ville, celle de ABADADI pour la lecture du saint coran et des prières. Du 1er du mois suivant et durant dix jours,  les fidèles se réunissent sur différents sites – douze – dit-on des éloges dédiés au Prophète (SAW).


Une fête qui unifie


La grande cérémonie du mouloud ou gani est prévue le 7ème jour de la naissance du Prophète Mohamed, c’est le jour du baptême, à la mosquée Tandé.  la tâche importante revient aux  femmes descendantes des anciens serviteurs du Saint Zakaria. Elles balaient le quartier et les alentours de la mosquée Amdit la veille, ces femmes de Tandakaina du nom d’une place du quartier qui tire son origine d’une expression songhaï recherchent les graviers qui seront versés dans la mosquée où sera lu le coran et fait les prières.  Au moment où les fidèles lisent le coran, dans la demeure du saint Zakaria collée à la mosquée, quelques femmes de Tandakaina  s’occupent des braises qui servent à brûler l’encens minutieusement préparé qui fait embaumer la mosquée.  Parallèlement, le même jour, les forgerons de leur coté tiennent une grande manifestation pour fêter cette naissance.  C’est dans l’après midi que le coup d’envoi est donné au Sultanat par son Altesse le sultan de l’Aïr. Les forgerons viennent  ainsi chez le chef des imams qu’est le Sultan pour avoir sa baraka. Cette cérémonie est appelée GANI. Et c’est par une démonstration guerrière où un jeune jette une lance qu’un second  arrête avec son bouclier que le feu vert est donné par le Sultan. « Ce geste devant le chef rappelle le temps de l’expansion de l’islam par les touaregs un peu partout en Afrique », explique .M.Touhadat,  l’un des meneurs attitrés du Gani .

La nuit, hommes et femmes autour de leur chef se donnent rendez vous à la place qui abrite le Gani et contrairement aux religieux ils chantent les éloges du prophète en Tamasheq  jusqu’à l’aube. Les voix accompagnées des tambourins  suivent les étapes d’un rapprochement entrecoupé de joutes oratoires et des chœurs qui finiront par fusionner à l’aube. Au centre de la scène, les femmes se tenant par les épaules, forment un cercle étroit et solidaire, elles émettent des mugissements venus des tréfonds de leur poitrine. «  C’est un moment unique chez nous ! Il symbolise la foi et l’amour de l’islam mais aussi de notre culture propre », confie Hajia Tidar.  « Tout au long de la cérémonie, les femmes de Tandakaina s’attachent des cordelettes d’étoffes couleur blanche, cela s’appelle ACHARI dit Hadjia Imbatcho, qui explique qu’à travers ce geste,  elles rappellent et pleurent la disparition du saint Zakaria ».


Le mouloud ou le sacre du partage


Dans la mosquée parmi les fideles se retrouvent de nos jours les autorités administratives. Cette cérémonie religieuse s’achève vers 14heures par une Fatiha et un sacrifice de plusieurs moutons offerts par son Altesse le Sultan.  Il symbolise le baptême du prophète. Et le  sang versé est considéré comme sacré et beaucoup n’hésitent pas à s’en mettre quelques gouttes sur la figure pour obtenir la bénédiction divine de même que l’encens qui a servi de fumigation de haut lieu de culte du Mouloud.

Aux femmes descendantes de ces anciens serviteurs revenait la peau et le quartier de viande du mouton égorgé par le Sultan. Les trois autres quartiers sont destinés au Sultan, au Madaha (chef des marabouts) et au chef des musiciens.

Le soir, la fête reprend autour de la demeure du saint Zakaria avec l’Algaïta et la musique de la cour du Sultan. Le Sultan ou son représentant se déplace sur le lieu pour remercier les femmes de Tandakaina  et recevoir les honneurs des bouchers aux pas de danses de la musique de la cour du Sultan.

Pour boucler le mouloud à Agadez, le lendemain, aux braves femmes, gardiennes des traditions anciennes, revenaient de transporter dans trois vases le gravier sur lequel se sont assis les marabouts lors des lectures pieuses, elles en déposent deux chez son Altesse et un chez le chef des bouchers qui sont chargés de les récompenser.

Issouf Hadan

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