12 mars 2013

Finance islamique:une solution à la crise économique?


Fabien PaquetLa Finance islamique, basée sur les valeurs et principes du droit musulman, par ailleurs universels, propose une alternative crédible à la finance capitaliste actuelle à l’origine de la crise économique débutée en 2008. Christine Lagarde, ancienne ministre française de l’Economie, a lancé le mouvement en 2007. Depuis, le Premier contrat d’épargne et placement, respectant l’éthique islamique, est né le 1er février 2013. Fabien Paquet, spécialiste de la fiance islamique à l’université Paris Dauphine et représentant en France de Hassoune Conseil, explique à Afrik.com les fondements de la finance islamique. Interview.
Afrik.com : Pour commencer, essayons de comprendre c’est quoi la finance islamique…. 
Fabien Paquet : En général, la finance islamique c’est un compartiment de la finance éthique, comme par exemple l’investissement socialement responsable ou les green tech (les technologies vertes), une industrie qui existe depuis déjà quarante ans. La finance islamique connait une forte croissance depuis les années 90 avec le développement du financement des particuliers. Aujourd’hui, la finance islamique pèse 1300 milliards de dollars. Cela, avec des taux de croissance de 15 à 20% par an. Elle représente 300 institutions de finance islamique reparties dans 75 pays. D’une manière globale, la première place financière de finance islamique en Europe c’est Londres, grâce notamment à son quartier des affaires, la City. En France, on entend parler de finance islamique depuis 2007, le moment où Christine Lagarde a annoncé vouloir la développer dans l’Hexagone.

Afrik.com : Est-ce que le plan Lagarde est un échec ?

Fabien Paquet : Ce n’est pas un échec, ça prend du temps. Il y a eu des choses qui ont été faites : notamment la publication d’instructions fiscales qui ont permis de faciliter la mise en place de contrats de finance islamique.


Afrik.com : Quels sont les principes et valeurs de la finance islamique ?

Fabien Paquet : La finance islamique se base sur trois interdictions et deux obligations. En ce qui concerne les interdictions : l’interdiction de pratiquer l’intérêt et l’usure, l’interdiction de la spéculation et de l’incertitude dans l’investissement (il est impossible d’investir dans des sociétés de jeux), et l’interdiction d’investir dans des secteurs dits illicites : comme le tabac, l’alcool, l’armement. Les obligations de la finance islamique sont les suivantes : le partage des profits et des pertes, ainsi que l’obligation d’investissement dans des actifs réels et tangibles : maisons, sociétés, etc. La finance islamique interdit, par exemple, d’investir dans des titres de dettes.


Afrik.com : Est-ce que la finance islamique s’adresse à tout public ou seulement à des musulmans ?

Fabien Paquet : Pas du tout. La finance islamique est un compartiment de la finance éthique, c’est une valeur universelle ; donc la finance islamique s’adresse à tout le monde, on est pas obligés d’être musulmans pour faire et bénéficier de la finance islamique.


Afrik.com : Qu’est-ce que la finance islamique peut apporter à l’économie française ?

Fabien Paquet : Elle permet de faire des investissements plus éthiques. De faire venir des investisseurs étrangers, notamment ceux des pays du Golfe. Certaines sommes d’argent sont détenues dans ces pays, et ils les investissent de manière islamique. En France, il y a beaucoup de potentiel. Et la finance islamique lui offre une alternative plus éthique et non moins lucrative.


Afrik.com :
















Avez-vous rencontré des difficultés pour développer la finance islamique en France ?
Fabien Paquet : La France n’a pas l’habitude de ce genre de financement, cela prend du temps. La finance islamique a du mal à se mettre en œuvre ici. Cependant, grâce aux différentes initiatives, le premier contrat d’épargne et placement, respectant l’éthique islamique, le Contrat Salam a vu le jour le 1er février 2013. Ce contrat, dont l’assureur est Suisse Life, a pour objet d’apporter une réponse et une solution d’épargne qui soit éthique à des millions de Français, qu’ils soient musulmans ou pas.


Afrik.com : C’est quoi exactement le concept du contrat Salam ?

Fabien Paquet : Le contrat Salam est un contrat d’épargne logement, mariage ou pèlerinage. Il s’applique dans le cadre fiscal de l’assurance vie. A ne pas confondre avec l’assurance décès. Il est éthique car il est en conformité avec les principes de la finance islamique. Un comité certifie, d’ailleurs, que ce contrat respecte bien les interdictions et obligations de la finance islamique.


Afrik.com : Comment la finance islamique est-elle perçue en France ? Y a-t-il des amalgames à déplorer ?

Fabien Paquet : On ne cherche qu’à la faire connaitre. Les gens ne la connaissent pas suffisamment. Le problème qu’on a en France, ce sont les amalgames qui existent sur l’Islam. Nous, notre travail est de démontrer que la finance islamique est éthique et défend des valeurs universelles : d’équité, de partage, de justice sociale, de co-responsabilité, etc. Il ne faut surtout pas faire l’amalgame. Il n’y a aucune raison d’avoir peur. Moi, je ne suis pas musulman, et pourtant je fais de la finance islamique.


Afrik.com : Est-ce que la finance islamique peut-être une solution à la crise économique qui frappe la France et l’Europe ?

Fabien Paquet : Oui et non. La finance islamique est clairement une alternative à la finance conventionnelle. Avec la finance islamique, on n’aurait pas eu la crise des subprimes. La finance islamique interdit d’investir dans les titres de dettes. Elle oblige d’investir dans l’économie réelle. En revanche, elle ne va pas remplacer la finance conventionnelle. Elle peut aider la France, dans le sens où l’économie sera financée, donc la machine sera relancée. C’est aussi une façon de dire qu’on ne repart pas dans les mêmes travers des subprimes, dans les excès.

Site Internet : salam-epargne.com

http://www.afrik.com/finance-islamique-une-solution-a-la-crise-economique

Entretien avec Romaric Adekambi, co-fondateur de Agone Drone, sur la vulgarisation de l’usage des drones au Bénin

Romaric Adekambi est le co-fondateur de Agone Drone, une agence de location de drones pour les professionnels du secteur audiovisuel. Avec ...