10 févr. 2012

La prolifération des missiles libyens, une menace pour le trafic aérien

Les rapports faisant état d’un appareil militaire malien abattu par les rebelles touaregs renforcent les inquiétudes sur le fait qu’al-Qaida pourrait s’en prendre à des appareils commerciaux.


Face à l’instabilité dans la région du Sahel-Sahara, les craintes augmentent concernant la possible acquisition par al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) de missiles sol-air portables libyens.


Le ministre malien des Affaires étrangères Soumeylou Boubèye Maïga est le dernier responsable en date à faire part de ses inquiétudes. S’exprimant lors d’une réunion des chefs de la diplomatie des Etats du Sahel, le mardi 24 janvier à Nouakchott, il a mis en garde contre « la situation dangereuse au Sahel consécutive à la guerre en Libye qui a conduit à la prolifération d’importantes quantités d’armes dans les milieux criminels et terroristes ».

Ces propos du ministre malien interviennent moins de deux semaines après que des informations eurent été publiées, indiquant que les appareils civils avaient vu leur route détournée au-dessus du Sahara pour éviter de potentiels missiles sol-air acquis par al-Qaida. Le quotidien algérien El Khabar avait écrit le 12 janvier qu’Air Algérie faisait partie des compagnies concernées par ces détournements sur la base de rapports de sécurité faisant état de menaces au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Tchad.

Le journal ajoutait que les ministères français et algérien de la Défense, ainsi que l’OTAN, avaient pris des mesures de précaution pour éviter les risques posés par de tels systèmes d’armes. Selon le quotidien, ces mesures comprennent le brouillage de ces missiles et des vols de reconnaissance de l’OTAN au-dessus de plusieurs Etats africains entourant la Libye.

« De plus, certaines compagnies occidentales ont équipé leurs appareils de technologies militaires fabriquées aux Etats-Unis, qui utilisent des lasers pour brouiller les missiles à têtes chercheuses à infrarouge », a ajouté le journal, faisant également état de certaines compagnies qui équipent leurs appareils de radars de détection de missiles et ordonnent à leurs pilotes de voler à haute altitude.

Interrogées par Magharebia, les autorités de l’aviation mauritanienne ont minimisé ces craintes, soulignant que ces missiles sol-air portables n’ont qu’une portée limitée.

« Pour autant que nous le sachions, les missiles qu’al-Qaida a en sa possession ont une portée de six kilomètres seulement, alors qu’un avion vole à une altitude de dix kilomètres au-dessus du Sahara », a expliqué Abou Bakr al-Sedik Ould Mohammed al-Hasan, le directeur général de l’Autorité mauritanienne de l’aviation civile.

Mais l’analyste Ibrahim Ould al-Bar a toutefois expliqué que « il n’en reste pas moins que les armes sur lesquelles l’organisation terroriste a mis la main en Libye constituent une menace ».

« Mais en ce qui concerne la capacité de l’organisation à frapper des cibles éloignées ou des appareils en vol, cela reste improbable du fait de la nature de ces armes elles-mêmes », a-t-il ajouté. Il a également cité la relative inexpérience des combattants à manier de telles armes.

Il a indiqué que les terroristes étaient plus susceptibles de viser des appareils militaires volant à faible altitude. « La preuve en est peut-être le succès des rebelles touaregs qui ont réussi à abattre un appareil de l’armée malienne il y a quelques jours lors des récents affrontements dans le nord du Mali », a-t-il précisé.

« C’est désormais un fait acquis que les Touaregs qui ont abattu cet avion étaient rentrés de Libye avec des armes sophistiquées après la chute de Kadhafi », a-t-il ajouté.

Le quotidien Le Monde avait indiqué que le Mouvement national pour la libération d’Azaouad (MNLA) avait affirmé avoir abattu un Mig-21 malien la semaine dernière.

L’Algérie renforce sa sécurité maritime

Et alors que ces inquiétudes se développent concernant la sécurité aérienne dans la région, l’Algérie a récemment procédé à des arrestations dans un complot destiné à attaquer des bateaux en Méditerranée.

Le quotidien algérien Echorouk a écrit, le 24 janvier, que le plan d’AQMI avait avorté après l’arrestation de trois suspects à Annaba. Ces hommes auraient travaillé sous le commandement de Qassemi Salah al-Din (alias Abou Mohamed Salah).

Ils auraient projeté de charger un bateau d’explosifs et de le lancer contre un navire américain ou européen. Le journal ajoute que les trois prévenus auraient reçu cet ordre après avoir fréquenté des sites web djihadistes dans des cybercafés.

Ce complot était le premier visant des bâtiments naviguant au large des côtes algériennes. L’Algérie a récemment renforcé sa surveillance du littoral et déployé de nouvelles unités navales pour contrôler le trafic. Par ailleurs, le ministère algérien de la Défense continue de participer à des exercices de formation avec les Etats-Unis et plusieurs pays européens dans le cadre de l’initiative de défense 5+5, le dernier exercice en date ayant eu lieu en octobre avec des bâtiments des forces européennes.

Une source proche des services de sécurité en Algérie a expliqué à Magharebia que la Marine et les garde-côtes avaient été renforcés par des équipements navals sophistiqués, dont les plus importants sont des hélicoptères de reconnaissance et des embarcations légères.

Cette source a ajouté que la Marine pourrait recevoir prochainement des radars pour la surveillance des navires suspects et la lutte contre l’immigration clandestine. Les forces navales du pays surveillent les mouvements de près de cinq mille bateaux de pêche et de plus de 18 600 bateaux de plaisance qui sillonnent les eaux territoriales.

« Les frontières maritimes de l’Algérie sont sécurisées et aucune violation des frontières maritimes ni des zones de pêche n’a été constatée », a conclu cette source.

Par Jemal Oumar à Nouakchott et Walid Ramzi à Alger pour Magharebia – 30/01/12

Ce contenu a été réalisé sous requête de Magharebia.com.

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