Les conséquences du conflit libyen tant craintes par les pays du
Sahel ont déjà commencé. La tension monte dans le nord du Mali entre le
pouvoir de Bamako et les Touaregs qui reviennent de Libye, où ils ont
combattu dans l’armée du colonel Kadhafi les groupes armés d’Aqmi
(Al‑Qaïda au Maghreb islamique) qui ont fait de cette région une de leur
zones d’action. La maîtrise du territoire est au centre de la crise qui
semble se profiler.
Depuis leur retour au nord du Mali, les combattants Touaregs,
lourdement armés, veulent chasser Aqmi de la région, selon un élu
touareg cité par le journal français L’Express. « Ces troupes, revenues
récemment de Libye, ont lancé un ultimatum aux gens d'Aqmi en leur
intimant l'ordre de quitter le Nord du Mali. Il semble que les
islamistes aient pris la menace au sérieux car ils ont quitté une de
leurs bases dans l'Adrar Tigharghar, un massif montagneux désertique, à
environ 120 kilomètres de la frontière algérienne », affirme‑t‑il.
Mais cette situation n’a rien de rassurant pour Bamako. Car parmi
ces combattants touaregs, qui disposeraient de missiles anti‑aériens et
d’autres armes lourdes, se trouvent d’anciens membres de la rébellion
qui a secoué le pays dans les années 90. Ils ont rejoint l’armée et les
milices de Mouamar Kadhafi après les accords de paix signés avec le
gouvernement malien.
Depuis le début du conflit libyen, les pays du Sahel craignaient ce
scenario. Ils ont exprimé leurs craintes à de nombreuses reprises,
notamment lors de la conférence internationale sur la sécurité au Sahel
qui s’est tenue début septembre à Alger. Et lors de sa récente visite à
Alger, le président malien, Amadou Toumani Touré, n’a pas caché ces
inquiétudes. « C'était déjà une région faible avec des menaces multiples
et beaucoup de difficultés, mais aujourd'hui, il y a une nouvelle
donne. On parle beaucoup plus de la présence de groupes organisés et
lourdement armés à la suite des derniers événements survenus en Libye.
La situation devient donc de plus en plus préoccupante », avait‑il
déclaré.
Côté algérien, ces risques de déstabilisation de la région ont été
mis en avant dès le début de la crise libyenne, notamment à cause de la
prolifération des armes qui, selon les autorités, est en partie
responsable du regain d’activité terroriste connu pendant l’été. Ce
sujet a ainsi été au cœur des rencontres bilatérales entre Alger et des
responsables politiques britanniques, américains ou encore espagnols.
Source: www.tsa-algerie.com