Le Conseil des ministres du Niger a pris la décision mardi de créer – enfin diront les écologistes qui l’attendent depuis plus de dix ans – la Réserve nationale de la nature et de la culture de Termit et Tin Toumma.
Une aire protégée de 100 000 km2, plus grande que le Parc national du Tassili (80 000 km2) qui détenait jusque-là le titre de plus grand national parc d’Afrique. A ne pas confondre avec un Parc naturel animalier comme le PN de Kruger en Afrique du Sud qui est le plus grand dans sa catégorie avec ses 20 000 km2. La réserve de Termit-Tin Toumma, située dans le centre-est du Niger, entre la savane sahélienne et le Sahara, est un sanctuaire d’une valeur inestimable, car c’est le refuge de nombreuses espèces d’antilopes et de gazelles en voie d’extinction. C’est le seul endroit où on trouve, avec une population de 200 individus, l’Addax, cette superbe antilope qui peuplait jusqu’au siècle denier toute la région sahélo-saharienne jusqu’aux bords de l’Atlas saharien et qu’on ne retrouve malheureusement plus que sur les fresques du Tassili.
C’est aussi là que se sont réfugiées les quatre espèces de gazelle aujourd’hui décimées et qui pullulaient dans toute l’Afrique du Nord jusque dans les reliefs de l’Atlas tellien comme la gazelle de Cuvier. Mais ce n’est pas que cela. La réserve est aussi une halte pour des milliers d’oiseaux dans leur migration. Elle héberge également plusieurs dizaines d’espèces carnivores et herbivores, certaines éteintes ou en voie de l’être, comme la gazelle dama, le guépard saharien, la tortue sillonnée, le mouflon à manchettes, les outardes arabe et nubienne ainsi que le fennec, le renard famélique, le renard pâle, le chacal doré, le chat des sables, le chat sauvage africain, l’hyène rayée, le ratel et la genette commune…
Mais elle est menacée, sérieusement. «La malédiction du pétrole», disent les naturalistes qui ont vu s’installer des chantiers d’exploitation de l’or noir découvert récemment dans ce pays d’entre les plus pauvres de la planète. Comment protéger les derniers individus d’espèces en voie d’extinction et totalement disparues dans leurs aires naturelles sans compromettre l’avenir des Nigériens ? L’éternel défi.