Le sommet sur le constitutionalisme , le renforcement de la démocratie en Afrique, tenu à Niamey, du 2 au 4 octobre 2019 , a entre autres , marqué sa préférence et son accord sur la limitation des mandats présidentiels en Afrique , en vue de consolider la démocratie.
Cependant, à notre humble avis, la consolidation de la démocratie ne se limiterait pas seulement à la limitation de deux mandats présidentiels, le multipartisme intégral tel qu’il est pratiqué dans certains pays africains est source d’instabilité politique. Il est source de corruption, d’achat de conscience , d’ethnocentisme , du régionalisme et du nomadisme politique.
Les constitutionalistes , les acteurs politiques et les acteurs de la société civile qui se sont réunis à Niamey, capitale du Niger, du 2 au 4 octobre 2019 , auraient dû se pencher sur la limitation aussi des nombres des partis politiques en Afrique et s’inspirer du modèle des États-Unis d’Amérique où deux grands partis politiques seulement dominent la scène politique sans que le principe démocratique ne soit mis en cause .
La durée à la tête des partis politiques devrait être limitée pour permettre à la jeune génération de prendre le relais.
Quand on regarde bien les choses, après les résultats des élections générales en Afrique, il ya toujours deux blocs des partis politiques qui s’affrontent.
L ‘alliance des partis politiques au pouvoir et l’alliance des partis politiques de l’opposition. D’où la nécessité entre autres pour des raisons économiques et rationnelles de bien réduire par un mécanisme juridique à travers le processus démocratique le nombre pléthorique des partis politiques en Afrique.
Pour consolider la démocratie , la stabilité politique , en Afrique, le scrutin majoritaire en un tour pourrait être retenu car celui ci permettrait à un parti politique majoritaire arrivé au pouvoir d’appliquer son programme sans subir le chantage des petits , nids de beaucoup des malfrats, qui considèrent la politique comme une rente où ils viennent se servir en toute impunité au lieu de servir le peuple pour lequel ils prétendaient assurer le bonheur à l’occasion des campagnes électorales.
Les conclusions des réflexions de ce sommet nous paraissent pertinentes mais très insuffisantes pour consolider la démocratie en Afrique, car elles se sont focalisées uniquement sur la limitation des mandats présidentiels en Afrique.
Or les sources d’instabilité politique en Afrique sont diverses, pour renforcer la démocratie, il faudrait revoir les modalités à postuler à un mandat électif.
Le niveau d’instruction aussi des candidats doit être revu à la hausse, l’enquête de moralité doit être rigoureuse.
L ‘Union Africaine aurait dû s’ approprier le sujet car il concerne le devenir politique de l’Afrique. La manière dont sont conduits les processus électoraux devrait faire l’objet d’une réflexion approfondie en tenant compte des réalités socio-économiques et culturelles des pays africains.
La démocratie n’est pas étrangère à l’Afrique, il faudrait interroger l’histoire en vue de bien revaloriser nos pratiques démocratiques africaines anciennes, qui sont plus proches de nos réalités socioculturelles que ces copies, coupées, collées qu’on tente de nous imposer de manière très subtile de l’extérieur à travers certains organismes comme le « National Democratic Institute » , le NDI.
Nos valeureux constitutionalistes se devraient de se ressourcer dans nos réalités socio-économiques et culturelles en vue de proposer aux Etats africains des modèles démocratiques plus proches des peuples africains. La démocratie telle qu’elle est pratiquée en Afrique n’est pas proche des aspirations des peuples.
Les leaders politiques font miroiter à l’occasion des campagnes électorales, au peuple souverain des lendemains meilleurs, mais lorsqu’ils arrivent au pouvoir, ils se servent des biens publics à leur guise au lieu de servir le peuple souverain. C’est une sorte d’escroquerie à l’égard du peuple souverain qui accorde ses suffrages mais en retour, il est mal récompensé, mal servi.
C’est de ce côté que nos constitutionalistes se devraient de bien regarder pour imaginer une procédure rigoureuse qui permettrait au peuple de bien se défendre en cas de parjure et d’abus de pouvoir.
Les mécanismes actuels de contrôles législatifs et juridictionnels ne donnent pas assez des résultats, il ya lieu de renforcer leur capacité.
Par Issoufou Boubacar Kado MAGAGI.