Les craintes d'une nouvelle rébellion touareg dans le nord du Mali
resurgissent après la parution d'une série de rapports témoignant
d'agitations parmi les anciens rebelles.
Les autorités s'inquiètent d'une alliance entre les combattants
revenus de Libye, les terroristes et des groupes criminels au Sahel, et
redoutent de voir les anciens rebelles touaregs s'aligner une nouvelle
fois sur la ligne dure jadis prônée par Ibrahim Ag Bahanga, selon un
rapport publié le 4 novembre par le quotidien malien Le Combat. Ag
Bahanga est mort il y a deux mois dans des circonstances mystérieuses.
La nouvelle flambée autonomiste pour la région d'Azouad repose
sur une alliance entre le Mouvement touareg du Mali, l'Alliance pour le
changement et la démocratie, et le Mouvement national pour la libération
d'Azouad, selon le porte-parole de la coalition, Ham Ag Sid Ahmed, cité
par MaliWeb.
"Cette alliance a pour objectif de déclarer un Etat touareg
dans le nord du Mali et de lancer des opérations militaires contre les
forces régulières maliennes tant qu'elle n'aura pas obtenu l'autonomie",
a récemment expliqué la radio mauritanienne Sahara Media. Cette région
recouvre les provinces de Gao, Kidal et Tombouctou.
Par ailleurs, Sahara Media a fait savoir, le mardi 1er
novembre, que des centaines de jeunes Touaregs avaient manifesté dans la
ville de Menaka, dans la province de Gao, ainsi qu'à Kidal, pour
demander l'indépendance d'Azouad. Ces manifestants portaient des
banderoles appelant les mouvements armés d'Azouad à déclarer
l'indépendance et à défendre ce qu'ils qualifiaient "d'Etat anticipé".
Cette manifestation avait été lancée après un rassemblement
organisé par les leaders des mouvements d'Azouad, des sheikhs touaregs,
des dignitaires et des députés des provinces du nord, a ajouté Sahara
Media.
Abou Bakr al-Ansari, journaliste spécialisé dans les questions
concernant le nord du Mali et le militantisme touareg, a expliqué à
Magharebia que "après la mort de Kadhafi et l'effondrement de son
régime, toutes les données ont changé et le retour à la mission
essentielle de libération du peuple d'Azouad est devenue une mission
pour l'ensemble des Touaregs du nord du Mali".
"Quant à la présence d'al-Qaida dans la région, je m'attends à
des confrontations entre l'organisation et les Touaregs qui reviennent
et qui ont formé le noyau dur de l'armée de libération du nord du Mali",
a ajouté al-Ansari.
Asharq al-Awsat a également écrit sur cette nouvelle poussée
autonomiste, citant un responsable du Mouvement national pour la
libération touareg au Mali affirmant le 31 octobre que des milliers de
combattants qui ont fui la Libye après la chute du régime de Kadhafi se
préparent à déclarer un Etat dans le nord du Mali et à lancer des
opérations militaires tant qu'ils n'auront pas obtenu l'autonomie.
Ce journal panarabe cite un responsable du Mouvement Azouad
affirmant que les Touaregs ont donné au gouvernement malien jusqu'au 5
novembre. Ce responsable a également demandé au gouvernement algérien de
se tenir à leurs côtés.
Les Mauritaniens qui vivent près de cette région ont fait part de
leur inquiétude concernant un possible conflit entre les Touaregs et le
gouvernement de Bamako, à un moment où le terrorisme et les activités
criminelles se renforcent.
"Depuis plusieurs semaines maintenant, nous entendons des
informations sur les intentions des Touaregs d'entrer en rébellion
contre le gouvernement malien, et c'est précisément ce que nous
craignons", a indiqué à Magharebia Abdallah Ould Ibrahim, un habitant de
la ville frontalière de Bassiknou. "Cela aura un impact sur l'activité
des marchés hebdomadaires dans les deux pays, ce qui entraînera
inévitablement des pénuries d'approvisionnement dans les villages situés
le long de la frontière mauritano-malienne."
Sidi Ould Abdallah, un habitant de Tombouctou, a expliqué pour
sa part qu'une éventuelle révolte ne serait pas sans précédent. "Mais
l'avenir de cette rébellion sera déterminé en fonction de la position
qu'adopteront les tribus arabes dans la région, comme les Lebrabich et
les Aoulad Aish, et d'autres", a-t-il dit.
"Jadis, le gouvernement malien utilisait les tribus arabes pour
contrer la rébellion touareg", a-t-il ajouté. "Mais si les Arabes
refusent de jouer une nouvelle fois ce rôle, ou s'ils décident de
rejoindre les Touaregs, la région s'enflammera et sera le théâtre
d'actes de vandalisme, de meurtres et de terrorisme."
Source: Magharebia.com.