Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, confirme que deux
Français ont été enlevés dans le nord du Mali, une zone où les hommes
d'Aqmi sont particulièrement actifs.
Deux Français ont été enlevés dans le nord du Mali, dans la nuit de
mercredi à jeudi, selon des sources policière, sécuritaire et
municipale maliennes. Alain Juppé a confirmé cet enlèvement au micro
d'iTélé, ce jeudi, ajoutant que les deux hommes ont été capturés "dans
des conditions que nous ne connaissons pas encore très bien. (...) Nous
sommes en train de rassembler les informations".
Ces deux géologues ont été capturés à Hombori, localité située entre
Mopti et Gao, une région où ils travaillaient pour une cimenterie. Sept
hommes armés ont fait irruption à leur hôtel, alors que les deux
Français venaient de faire un compte-rendu de leur journée de travail à
leurs collègues maliens, vers 1 heure du matin, selon une source de la
mairie de Hombori. Les ravisseurs les auraient emmenés en direction du
grand nord malien, selon cette source, des informations confirmées par
des sources des services de sécurité et de la police.
Une base d'Aqmi
Le nord du Mali abrite plusieurs bases d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi)
dont les hommes sont très actifs au Sahel. Ils y multiplient les
enlèvement d'Occidentaux et y mènent de nombreux trafics (drogues,
cigarettes, armes...), se jouant de frontières relativement poreuses.
C'est Aqmi qui avait enlevé Antoine de Léocour et Vincent Delory le 7 janvier dernier: les deux jeunes Français sont décédés pendant l'opération militaire menée pour les libérer.
Cette mouvance détient actuellement quatre ressortissants français,
enlevés le 16 septembre 2010 à Arlit dans le nord du Niger. Sept
personnes avaient été capturées mais trois ont déjà été libérées.
En échange de la libération de ces quatre otages restants,
Aqmi, qui a fait allégeance à Al-Qaïda en 2006, exige le retrait des
troupes françaises d'Afghanistan. En juillet, le président français
Nicolas Sarkozy avait annoncé que le retrait français d'Afghanistan commencerait "dès cette année et s'étalera(it) jusqu'en 2013".
Selon des sources proches de la médiation qui tente de les
faire libérer, Aqmi exige également une rançon de 90 millions d'euros.
Officiellement, la France refuse de payer des rançons, comme elle l'a
répété à l'occasion de la libération récente de trois otages, au Yémen.
Le Mali, "maillon faible" de la lutte anti-terroriste?
Le
Mali est régulièrement pointé du doigt comme "maillon faible de la
lutte régionale contre Aqmi. "Nous sommes très remontés contre les
Maliens, confie un haut responsable français à L'Express. Qu'il s'agisse des cellules d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) opérant dans l'extrême nord du pays ou de leurs liens avec les Touaregs (...), ce n'est plus de la passivité, c'est de la complicité."
Son président, Amadou Toumani Touré, alias "ATT",
interrogé par L'Express, défendait récemment l'action de son pays face
au réseau Aqmi: "Longtemps, le déficit de coordination, reflet d'une
focalisation abusive sur le concept de souveraineté, a entravé le combat
antiterroriste. Nous passions notre temps à nous renvoyer les
responsabilités, plutôt que de les prendre. Comment peut-on être le
maillon faible d'une chaîne qui n'existe pas?"
Le nord du Mali risque une destabilisation supplémentaire en raison de la crise en Libye voisine. Cette région est classée rouge (orange pour le sud du Mali) par la France: les voyages y sont strictement déconseillés.
Source: l'express.fr