10 févr. 2012

L’Algérie renforce ses efforts de médiation au Mali

Alors que des milliers de réfugiés fuient la guerre dans le nord du Mali, l’Algérie cherche à trouver un règlement pacifique à cette crise.

L’Algérie a récemment accueilli trois jours d’entretiens entre le gouvernement malien et les rebelles, pour tenter d’apporter une solution à une révolte qui dure depuis près d’un mois.


Une délégation malienne conduite par le chef de la diplomatie Soumeylou Boubèye Maïga a rencontré, le 2 février, des membres de l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement, dont les éléments se battent aux côtés du Mouvement national pour la libération de l’Azaouad (MNLA) contre l’armée malienne.

Les représentants des deux parties se sont quittés sur un appel « urgent » à la fin des hostilités dans le nord du Mali et à l’ouverture d’un dialogue. Une source proche des négociateurs a indiqué à l’agence APS que « les deux parties sont également tombées d’accord sur l’unification des efforts et le recours à la bonne volonté à Kidal, Gao, Tombouctou ainsi que dans le reste du pays pour créer un climat propice basé sur le dialogue et des consultations sur les « solutions adéquates ».

Par ailleurs, elles ont dénoncé la violence et regretté les pertes humaines, exprimant « leur condoléances et leur sympathie aux familles et aux proches des victimes ». Les deux parties ont déclaré que la situation actuelle ne les incitera pas à ignorer la menace du terrorisme et du crime organisé.

Elles ont également pris acte d’un « retard » dans la mise en oeuvre des programmes convenus dans le cadre de l’Accord d’Alger.

Cette rencontre a été organisée pour tenter de restaurer le calme dans le nord du Mali, après les affrontements violents qui ont éclaté le 17 janvier entre l’armée malienne et les mouvements autonomistes touaregs. Les rebelles touaregs du MNLA ont attaqué plusieurs villes, notamment Menaka, proche de la frontière avec le Niger, Aguelhoc et Tessalit, proche de l’Algérie, et Léré et Niafounke, près de la frontière mauritanienne.

De nombreuses personnes ont été tuées et blessées dans les deux camps lors de ces affrontements, qui ont également contraint des milliers de personnes à fuir et à chercher refuge dans les camps en Algérie, au Niger et en Mauritanie. Ce conflit a également entraîné des vagues de manifestations parmi les familles des soldats maliens qui combattent dans le nord du pays, par suite de ce qu’elles appellent « la faible réaction des autorités » face à ces attaques.

Pour sa part, le Président algérien Abdelaziz Bouteflika a reçu lundi le ministre malien des Affaires étrangères, qui lui a remis un message du Président malien Amadou Toumani Touré concernant les développements sécuritaires.

Maiga a salué l’aide apportée par l’Algérie dans la recherche d’une solution à ce conflit dans le nord du Mali et déclaré que le Président Bouteflika « avait fait part de sa volonté de fournir une aide, en apportant les analyses nécessaires pour trouver des solutions à nos problèmes dans un cadre pacifique ». Il a confirmé l’engagement du Mali « à se mobiliser davantage dans le cadre de la seule guerre que nous devons mener sur cette partie de notre territoire national, c’est-à-dire la lutte contre les groupes terroristes et la criminalité transnationale. »

Dans un entretien télévisé diffusé mercredi dernier, le Président malien Amadou Toumani Touré a demandé aux citoyens d’éviter des attaques revanchardes.

« Ceux qui ont attaqué les casernes de l’armée et certaines localités dans le nord ne doivent pas être confondus avec nos compatriotes touaregs, arabes, songhaïs et fulanis, qui vivent parmi nous », a-t-il déclaré. « Chacun a les mêmes droits et les mêmes aspirations à vivre en paix. »

Le chef de l’Etat malien a promis que « l’Etat mobilisera toutes ses capacités en termes d’installations, de logistique et de maintenance pour permettre à l’armée de faire ce qu’il convient de faire pour garantir l’intégrité territoriale du pays et protéger les citoyens et leurs biens. »

Certaines factions touaregs ont toutefois rejeté cet appel à mettre fin aux hostilités. Le secrétaire général du MNLA Belal Ag Sharif a déclaré que les pourparlers d’Alger ne concernaient pas son groupe, mais qu’il respectait les efforts de l’Alliance du 23 mai.

Dans un entretien avec le quotidien algérien El Khabar, Ag Sharif a récusé tout lien avec al-Qaida et réfuté que son mouvement eut obtenu des armes libyennes. Il a par ailleurs demandé au gouvernement algérien d’aider à mettre un terme à la « guerre ethnique » au Mali.

Ag Sharif a ajouté que le MNLA était prêt à négocier pour parvenir à une solution durable qui mette fin à cette guerre et permette aux habitants de l’Azaouad de conduire leurs propres affaires. « Avant toute discussion sur un cessez-le-feu, le gouvernement malien doit reconnaître les droits des Touaregs », a-t-il insisté.

Walid Ramzi pour Magharebia à Alger – 08/02/12

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