6 avr. 2012

MNLA: Déclaration d'indépendance de l'AZAWAD

S'exprimant sur l'antenne de FRANCE 24, le porte-parole du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), importante composante de la rébellion touareg, a proclamé vendredi "l'indépendance de l'Azawad", région du nord du Mali.
Par FRANCE 24 (texte)
Le Mali est désormais coupé en deux. C’est en substance ce qu’a affirmé le mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) via son porte-parole Mossa Ag Attaher, sur le plateau de FRANCE 24, dans la nuit de jeudi à vendredi.
"Nous proclamons solennellement l’indépendance de l’État de l’Azawad", a ainsi annoncé le représentant du MNLA, quinze jours après le coup d’État militaire contre le régime du président malien Amadou Toumani Touré. La principale composante de rebelles touareg qui souhaitaient depuis plusieurs années s’affranchir du pouvoir de Bamako, dans l’espoir de créer un vaste État autonome dans la région de l’Azawad, au nord du pays, a donc, sur le papier, réussi à récupérer plus de 50 % de la superficie du territoire malien.








Sans avoir rencontré de résistance particulière de l’armée malienne, désorganisée et sous-équipée, la rébellion n’a eu besoin que de quelques jours pour "terminer un combat très important" et s’emparer des villes de Gao, de Tombouctou et de Kidal [trois des principales métropoles du nord du pays, ndlr] fin mars. Pas d’inquiétude toutefois à avoir quant à la délimitation géographique de ce nouvel État : "Nous respecterons toutes les frontières du découpage colonial qui sépare l’Azawad des autres pays voisins", a promis le porte-parole.

Un chantier important : la sécurisation de la zone
Au-delà de la question des limites territoriales, le MNLA aura fort à faire avant d’asseoir son autorité dans une région gangrenée par la présence de groupes terroristes, le trafic d’armes et de drogue. Sur le front sécuritaire d’abord. Le coup d’État contre le régime du président Touré, le 22 mars, a plongé le Mali dans une situation chaotique. "Aujourd’hui va commencer un chantier important : celui de la sécurisation du territoire. Nous voulons que l’Azawad se protége du terrorisme, des prises d’otages et du narcotrafic", a continué Mossa Ag Attaher.

Le texte de la déclaration d'indépendance de l'Azawad





Des fléaux auxquels se sont déjà frottés les Touareg avec l’enlèvement, jeudi, du consul d’Algérie à Gao. "Ce qui s’est passé est déplorable. Nous exprimons toute notre solidarité envers le peuple algérien", a ajouté Mossa Ag Attaher. Les sept diplomates auraient été kidnappés par "un commando terroriste" lors d’une opération "très violente", a expliqué le porte-parole, tout en cherchant à dédouaner le MNLA de la responsabilité de ce rapt. "Ils avaient des explosifs et menaçaient de les utiliser si nous intervenions."
Cet épisode malheureux soulève inévitablement de nouvelles questions quant à la capacité du MNLA à sécuriser la zone : contrôle-t-il son territoire ? Une question à propos de laquelle Mossa Ag Attaher botte en touche. "La menace terroriste existe partout, pas seulement au Mali", insiste-t-il. Il n’empêche que la présence d’Ansar Dine, groupe de rebelles touareg adepte d’une lecture radicale de l’islam, ainsi que celle d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) n’augure rien de bon sur un territoire où l’effondrement de l’armée malienne rend totalement impossible une quelconque défense de l’intégrité du Mali.

"Une certaine légalité internationale"
Le MNLA devra également relever le défi de s’entendre avec les autorités maliennes. Va-t-il tendre la main aux putschistes de Bamako ? Rien n’est moins sûr, selon le porte-parole. "Nous leur avons dit que nous voulions discuter avec une autorité légitime qui soit reconnue par le peuple malien, la Cédéao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) et la communauté internationale (…) Depuis le putsch, il n’y a ni institution, ni constitution", a-t-il insisté.
Reste alors à obtenir une reconnaissance sur la scène internationale. Là encore, une véritable gageure pour le MNLA à l’heure où la Cédéao, l’Union africaine et la communauté internationale se concertent sur l’attitude à adopter face aux mutins. Pour Paris, cette déclaration d'indépendance non reconnue par les États africains n'a pas de sens. Pourtant, Mossa Ag Attaher ne perd pas espoir. Selon lui, "en se dotant d’une armée capable de sécuriser le territoire et d’un bureau exécutif capable d’initier des institutions démocratiques, [le statut d’indépendance de] l’Azawad entrerait dans une certaine légalité internationale."

France24

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