16 févr. 2012

Sahel : les militaires lancent une campagne de sensibilisation aux dangers du terrorisme

Une mission d’information conjointe récemment mise en place, le long de la frontière Mali-Mauritanie, a pour but de sensibiliser les habitants aux dangers que représente Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI).


Les personnels militaires de Mauritanie, d’Algérie, du Mali et du Niger ont effectué une tournée dans divers villages et communautés à proximité de la forêt de Wagadou, l’un des foyers de l’activité d’Al Qaïda.

Les membres de l’Unité de fusion et de liaison (UFL) ont lancé le projet à Bassikonou par une série d’entretiens publics, rapporte Liberté le 2 février. La sensibilisation a pour objectif de contrer le discours religieux des groupes terroristes, de sensibiliser la population aux dangers du terrorisme et de mettre en garde contre les tactiques adoptées par Al Qaïda pour influencer les habitants des régions frontalières.

Le Colonel Sidna Ould Sidi Heiba, commandant de la 5ème région militaire à Bassikonou, s’adressant aux habitants de la ville, a déclaré que l’armée avait pris conscience de l’importance de recourir à bien plus que la simple force militaire pour lutter contre Al Qaïda.

« Nous espérons pouvoir utiliser tous les moyens possibles pour contrer le terrorisme, et particulièrement les médias, qui sont – sans aucun doute – une manière efficace d’atteindre les populations, car si celles-ci ne sont pas conscientes des risques que leur font courir les terroristes, nos efforts resteront incomplets, » a expliqué Ould Sidi Heiba.

L’Imam de la mosquée de Bassiknou, Mohamed Ould-Tahir, qui participait également à la conférence sur les risques liés au terrorisme, a déclaré à Magharebia : « J’apprécie l’objectif de cette mission militaire conjointe, qui vise à nous sensibiliser au terrorisme, cette sensibilisation représentant un mouvement qui soutient le travail que j’accomplis lorsque, dans mes sermons publics en tant qu’imam d’une mosquée, je guide les individus et les pousse à faire preuve de tolérance les uns envers les autres ; mais parmi le public présent dans la mosquée, il y a peut-être aussi des militants d’Al Qaïda. »

Mohamedna Ould Esseyed, un jeune militant, a expliqué à Magharebia que, selon lui, ces conférences étaient « cruciales, car leur but est d’éduquer la société civile, à Bassiknou, afin qu’elle joue un rôle dans la lutte contre le terrorisme, en coopération avec les autorités militaires et de sécurité ».


« En tant que jeune militant dans cette communauté, je suis convaincu que le terrorisme constitue une menace grave, » a-t-il ajouté. « Nous devons, néanmoins, développer une approche éducative et basée sur le développement jusqu’à éradication totale du terrorisme dans la région. »

Ould Esseyed a insisté sur la nécessité de mettre fin à l’isolement des zones frontalières, faisant remarquer que le centre urbain le plus proche se trouvait à quatre heures de là, dans la ville de Nema. « En cas d’attaque terroriste, il sera difficile à la logistique d’arriver à temps, » a-t-il relevé.

« L’isolement entraîne également une augmentation des prix. J’appelle par conséquent à mettre en place des politiques capables de lutter efficacement contre la pauvreté, par l’intermédiaire de projets destinés aux jeunes, puisqu’Al Qaïda profite de ces conditions de pauvreté le long de la frontière. Ils achètent des chameaux pour les habitants et leur creusent des puits. Ainsi, ils parviennent à pénétrer le milieu social, » a expliqué le jeune militant.

Déh Ould Bellah, un militant de la société civile et directeur de l’Association des Parents d’Elèves de Bassiknou, a déclaré à Magharebia que la visite des militaires était la première de ce genre. Il a affirmé que cette mission, qui comprend notamment une action de formation à destination des groupes de la société civile, « donnera indubitablement une impulsion au rôle joué par les militants dans la société civile pour ce qui est de contrer la menace terroriste dans la région, en raison de leur proximité avec le peuple ».


Jemal Oumar pour Magharebia à Nouakchott – 15/02/12

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