Le Mali doit-il craindre une reprise de la rébellion touarègue ? Sur le terrain, les signaux sont nombreux. Les actes de banditisme, les braquages et les vols de véhicules se sont multipliés ces derniers mois dans les régions de Kidal Gao et Tombouctou.
Les rivalités tribales et communautaires entre Touaregs chamanamas et imrads ont refait surface au sujet des questions d'intégration dans l'armée. On a également parlé de désertion d'officiers de l'armée malienne et notamment du colonel Assalat, un Chamanama.
Il y a eu aussi les appels à l'indépendance du Nord-Mali lancés par le Mouvement national de l'Azawad (MNA), très actif sur les forums internet, et, tout dernièrement, ce retour massif de Maliens de Libye.
Depuis la chute du régime Kadhafi, des milliers de Touaregs sont rentrés au sud et au nord du Mali. Pas seulement des combattants de la dernière heure mais aussi des Touaregs de l'armée régulière libyenne. Beaucoup d'entre eux sont revenus après un séjour de dix ou vingt ans en Libye et après avoir combattu aux côtés des troupes de Kadhafi.
Ce samedi 15 octobre 2011, un convoi de 80 véhicules transportant quelque 400 ex-combattants sont ainsi arrivés dans le nord du Mali. Ces combattants sont des Touaregs, principalement issus de trois tribus du nord du Mali, les Chamanamas, les Iforas et les Imrads. Parmi eux, des ex-combattants surarmés dont on ne connaît pas les réelles intentions. Cette arrivée suscite de grandes inquiétudes.
A Bamako, les autorités ne nient pas le problème. Des émissaires du pouvoir sont partout sur le terrain pour éteindre l'incendie. Cependant, et selon un ministre, il y a beaucoup de manipulation de la part des Touaregs nationaux qui chercheraient à manipuler les nouveaux arrivants.
De là à parler d'une reprise imminente d'une rébellion, certains affirment que tout est prêt. D'autres estiment, au contraire, qu'aucune rébellion ne peut naître sans coordination de tous ces foyers de contestation. Sur ce point, ils considèrent qu'au Mali, on n'est pas encore là.
Une véritable poudrière
Face à l'insécurité croissante dans le nord du Mali, le gouvernement malien a créé, en
août dernier, le Programme de sécurité et le développement dans le nord du Mali (PSPSDN). Prévu pour une durée de deux ans, son but est de réduire, voire d'éradiquer les causes de l'insécurité et du terrorisme dans cette région.
La lutte contre al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), de plus en plus présent dans la région, avait été clairement affichée lors du lancement du PSPSDN. Le président malien Amadou Toumani Touré avait lui-même reconnu : al-Qaïda s'est propagé là où l'Etat était absent. Il fallait donc occuper le terrain et y rester.
Un redéploiement des forces armées et une administration de proximité sont ainsi prévues et seront de plus en plus visibles dans la région. Un appui économique est également de taille car la présence d'Aqmi et le trafic de drogue font, de cette zone, « une véritable poudrière » comme le souligne, au micro de RFI, André Bourgeot, directeur émérite au CNRS et spécialiste de la bande saharo-sahélienne.
Source: RFI