Des affrontements qui ont opposé hier des rebelles touaregs et l’armée malienne à Ménaka, dans la région de Gao. Et qui font la Une de la presse malienne ce matin. Le quotidien Le 22 Septembre relate sa version des faits : « hier, aux environs de 6h du matin, un groupe armé entre à Ménaka, multiplie les tirs en l’air et coupe toutes les liaisons téléphoniques.
Avant de se diriger vers le camp militaire de cette ville, laquelle ville serait tombée un moment entre leurs mains. Le MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad a revendiqué l’assaut. Mais,affirme le quotidien malien, l’attaque a véritablement été menée, selon plusieurs sources, par des éléments de l’Alliance du 23 mai, (autre mouvement rebelle touareg) avec certains revenants de la Libye, basés à Zakat, non loin de Tinzawatten, à la frontière algérienne. »
Le 22 Septembre poursuit : « l’Etat a rapidement dépêché l’équipe du Colonel Elhadj Gamou, soutenu par un autre Colonel, Ould Meydou, chef de la zone militaire de Ségou. A 11h 30 minutes, appuyés par l’armée de l’air, ils sont parvenus à libérer la ville et à s’y installer, sous les applaudissements et les encouragements de la population civile, qui les ont accueillis en héros. Les communications n’étaient possibles que par radio. Ce qui fait qu’il est difficile d’établir pour l’instant un bilan, relève le quotidien malien. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a eu des morts, des blessés et des voitures calcinées. »
Ensuite, raconte encore Le 22 Septembre, « le duo Gamou – Ould Meydou, après avoir libéré la ville, a demandé et obtenu de Bamako la poursuite des assaillants. Au moment où nous mettions sous presse, la traque continuait. L’armée est totalement mobilisée dans les trois régions du Nord : Tombouctou, Gao et Kidal. Ces trois villes sont, semble t-il, menacées,affirme le quotidien malien. Aussi, Koulouba (la présidence) a-t-il décidé de mobiliser des BRDM (des blindés légers) et des avions de combat pour parer au plus pressé et répondre instantanément à toutes les attaques, d’où qu’elles viennent, contre ces trois villes. » Voilà pour les faits relatés par le quotidien Le 22 Septembre.
Eviter de mettre de l’huile sur le feu !
Commentaire du Républicain , autre quotidien malien : « l’attaque de Ménaka hier par le MNLA, qui ne s’en est pas caché, réveille des souvenirs douloureux et des hantises d’un passé que nous croyions révolus, même si nous savons que l’unité, la paix et l’intégration des nations ne sont jamais linéaires. Le pays qui a accepté, en 1992, le dialogue plutôt que la guerre avec ses fils un moment égarés ne mérite pas ce camouflet. (…) Nous devons montrer, poursuit Le Républicain, que nous sommes une nation et la même nation. Au Nord, on devra se garder de tout triomphalisme.
Au Sud, il s’agira d’éviter de mettre de l’huile sur le feu. Car la situation est en soi déjà très compliquée entre un Etat pour lequel tout est négociable sauf l’intégrité du territoire et un projet de sécession qui ne croit plus au fétichisme de l’intangibilité des pays depuis le précédent sud-soudanais et qui connaît encore une précarité dissuasive de ses régions malgré les investissements consentis. Surtout, relève le quotidien malien, que les nouvelles exigences cohabitent avec d’autres menaces : Aqmi en veine de mises en garde, les trafics en tout genre, humains comme cocaïne, et l’onde de choc de la crise libyenne. »
La crise libyenne justement, pointée cette fois par le site d’information Guinée Conakry Infos : « ce qui s’est passé hier mardi, entre les touaregs et l’armée malienne, dans la ville de Ménaka était plutôt attendu, affirme-t-il. (…) Il était quasiment inévitable que la chute de Mouammar Kadhafi pour certains voisins immédiats ou lointains de la Libye entraine des soubresauts. (…) La communauté touareg, dont l’intégration pose problème à tous les pays de la zone sahélienne, avait plus ou moins trouvé refuge auprès de l’ex-Guide. Avec la chute de ce dernier, (…) le retour aux terres d’origine devenait inéluctable. Seulement, relève Guinée Conakry Infos, les pays de retour n’étaient pas particulièrement prêts à accueillir cette vague là… »
Quelle solution ?
En tout cas, pour le site d’information guinéen, « il n’est pas sûr qu’en face de ce qu’il est désormais convenu d’appeler le phénomène touareg, la stratégie purement militaire soit la solution. Les problèmes de ce peuple sont si complexes que leurs solutions requièrent l’intervention de plus d’un pays. Si les pays de la zone sahélienne veulent en finir avec les récurrents combats qui les opposent aux rebelles touaregs, particulièrement vulnérables face aux théories de groupes terroristes, comme celui d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique, ils doivent tous accepter, dans une approche synergique, de traiter le problème ensemble. »
Enfin, Le Pays au Burkina est plutôt alarmiste quant à la suite des événements : « si cette escalade venait à perdurer, et tout laisse croire qu’il n’en sera pas autrement, ce sera au détriment de la cause touarègue, confondue, à tort ou à raison, avec celle des terroristes de AQMI. Les seigneurs du désert, ces 'hommes bleus', jadis en quête d’un espace vital à cheval sur cinq pays de la bande Sahélo-saharienne, seront alors réduits à de simples 'terroristes' vivant du commerce des otages et de la drogue. »
Source: RFI