28 févr. 2012

ATT et Alain Juppé sur la rébellion touarègue : Langue de bois ou discours sincère ?

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a été l’hôte de trois chefs d’Etat ouest-africains en l’espace de trois jours. Entre le 24 et le 26 février derniers, il a été successivement reçu en audience par les présidents béninois, burkinabè et malien. Ce qui fait courir le chef de la diplomatie française en si peu de temps est la sécurité dans la bande sahélo-saharienne, en général, et la rébellion touarègue qui a éclaté dans le Nord-Mali à la mi-janvier en particulier. Concernant cette rébellion, la tournée-éclair a été l’occasion pour Alain Juppé de réaffirmer la nécessité du dialogue entre les parties en conflit en vue d’un règlement de la crise.


« Le dialogue inter-malien est absolument nécessaire », a notamment martelé le patron de la diplomatie française le 26 février à sa sortie d’audience avec le locataire du palais de Koulouba. Sur ce point, il peut parler sans trop de crainte. Il est sur la même longueur d’ondes que le chef de l’Etat malien, Amadou Toumani Touré (ATT). Malgré les critiques acerbes dont il est l’objet et l’opposition d’une bonne partie de l’opinion nationale, le numéro un malien ne se lasse pas de prôner le dialogue avec ceux qui ont pris les armes contre la république. On a beau l’accuser de connivence avec la rébellion, d’avoir même créé cette situation pour prendre en otage l’élection présidentielle du 29 avril prochain, ATT ne se démonte pas et continue de tendre la main au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).


Même la non-négociabilité de l’indépendance du Nord-Mali qu’il a mise avant toute discussion ne trouve pas grâce aux yeux de tous ceux qui l’accusent de mollesse, d’un entêtement incompréhensible à vouloir négocier avec des personnes qui ont froidement exécuté des militaires. Compte tenu de ce même état d’esprit de Bamako, qui anime l’un et l’autre, Alain Juppé et ATT étaient comme des larrons en foire. Le courant ne pouvait que passer à merveille entre ces deux « pacifistes » à tel point que l’on peut se demander si la politique de la main tendue du général malien devenu chef de l’Etat, n’a pas été dictée par la France. ATT pourrait bien vouloir bander les muscles mais y renoncerait à cause de l’ancienne puissance coloniale dont six ressortissants sont détenus depuis plus d’une année sur le territoire malien par Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Et, foi de Bamako, AQMI prêterait main forte au MNLA dans sa lutte pour l’indépendance du Nord-Mali.


La sagesse veut que quand on a sa main dans la gueule du chien, il faut savoir le flatter pour la retirer. Et c’est ce que semble appliquer Paris pour éviter des représailles contre les Français kidnappés. Cela consiste à prôner le dialogue avec le MNLA, le protégé des fous d’Allah qui écument la bande sahélo-saharienne. Toutefois, il ne faudrait pas trop s’y tromper avec ces appels au dialogue. A force d’avoir longtemps tendu la main, ATT a tendance à la retirer. Le militaire reprend le pas sur le politicien et le pacifiste, surtout après les massacres d’Aguelhoc dans le nord-est malien. Il y a aussi l’offensive lancée par l’armée régulière pour reconquérir les localités occupées par les rebelles. Dans ces conditions, on se perd un peu du fait de l’option du dialogue mise en avant ces derniers jours tant par Bamako que par Paris.


Le discours que l’on entend est-il de la langue de bois diplomatique qui veut que l’on n’appelle pas ouvertement à casser du rebelle ? En tout cas, on a l’impression de nager en pleine hypocrisie, en parlant de dialogue sans pour autant y croire. Tout en chantant les vertus du dialogue, le Mali ne prépare-t-il pas la guerre ?


Séni DABO, Le Pays




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