28 févr. 2012

Face au problème touareg, les Maliens et leurs voisins s’activent


«La paix est un comportement» dit le drapeau que tiennent ces ex-combattants touaregs, au Forum pour la paix et le développement, le 22 Janvier 2012, à Arlit, au Niger.


«La paix est un comportement» dit le drapeau que tiennent ces ex-combattants touaregs, au Forum pour la paix et le développement, le 22 Janvier 2012, à Arlit, au Niger.
AFP PHOTO / Boureima HAMA

A deux mois de l’élection présidentielle malienne, les appels au cessez-le-feu et au dialogue se multiplient. Ce 27 février 2012, le ministre des Affaires étrangères burkinabè, Djibril Bassolé était à Alger. La veille, le chef de la diplomatie francaise Alain Juppé,qui concluait à Bamako une visite éclair au Bénin, au Burkina et au Mali, avait souhaité que le dialogue soit le plus inclusif possible.


Un dialogue politique entre le pouvoir et les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) pour sortir de la crise, c’est ce qu’a suggéré le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, à l’issue de sa visite de trois heures, dimanche 26 février à Bamako.


Cette solution a été favorablement reçue par la classe politique malienne qui reconnaît qu’un tel conflit ne peut se régler par les armes. Cependant, comme l’explique maître Tapo, le porte-parole de l’Adéma (Alliance pour la démocratie au Mali), un dialogue avec le MNLA ne doit pas se faire à n’importe quelles conditions : « Nous ne pouvons pas négocier l’autonomie ou l’indépendance du Nord-Mali ! Maintenant, si les gens veulent discuter sur le développement du Nord, sur les problèmes de la région, les autorités maliennes ont été de tout temps ouvertes à cela ».


Le Parti pour le développement économique et la solidarité (PDES), trés proche du président Amadou Toumani Touré, adopte une position similaire : le chef de l’Etat a toujours accepté de parler avec les fils du pays, tant qu »il s’agit de respecter l’intégrité territoriale comme l’explique Mohamed Dibassy, secrétaire politique du PDES : « Les gens du MNLA sont venus avec des vélléités d’agression. Nous avons toujours dit que la solution politique est une solution envisageable et nous pensons qu’une solution inclusive au Nord malien est encore possible, mais il faudrait que de l’autre côté, ce soit entendu comme tel ».


Dans les états-majors politiques, le ton est donc à la conciliation.


En revanche, sur les sites d’informations en ligne et les réseaux sociaux, certains Maliens n’hésitent pas à rejeter toute idée de négociation avec ceux qu’ils qualifient de bandits armés ou ennemis de la nation malienne.


Négocier, oui, mais avec qui ?


Le préalable pour l’ouverture d’un dialogue est de savoir avec qui l’on négocie. Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ne présente pas de structure homogène et cohérente.


La branche politique n’a pas de réelle prise sur les chefs militaires, très puissants sur le terrain. Autre handicap : le mouvement rebelle ne dispose pas d’une structure suffisamment représentative de toutes les communautés du Nord .


Le MNLA pourra-t-il se réorganiser ? Sera t-il capable de proposer une plate-forme consensuelle pour négocier ?


Du côté de Bamako, la donne n’est pas plus simple. Quelle autorité sera en mesure de discuter si l’élection présidentielle prévue le 29 avril prochain ne peut avoir lieu ?


Ce scénario d’une possible vacance du pouvoir inquiète plusieurs capitales de la sous-région et la France qui militent pour l’obtention d’un cessez-le-feu.


Différentes personnalités politiques des pays de la sous-région ont été mandatées pour rencontrer tous les acteurs. Certains contacts sont en cours avec le MNLA mais n’ont pour l’instant pas encore abouti.


L’Algérie décidée à jouer un rôle


Le ministre des Affaires étrangères burkinabè, Djibril Bassolé était à Alger ce lundi 27 février pour s’entretenir de la situation au Mali avec son homologue Mourad Medelci ainsi que le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel.


Alors que le Burkina Faso aspire à jouer un rôle plus important dans les efforts de médiation entre les rebelles du MNLA et Bamako, les deux responsables algériens ont défendu le statut d’acteur incontournable de l’Algérie dans la crise du nord du Mali. Pour Alger, toute concertation ne peut se faire sans l’Algérie.


Début février, les autorités maliennes et l’opposition touarègue se sont rencontrées à Alger, mais sans résultat, le Mouvement de libération nationale de l’Azawad (MNLA) n’ayant pas participé aux discussions. « Qu’à cela ne tienne, nous espèrons que les deux parties puissent se mettre autour d’une table dans les prochains jours », a déclaré Mourad Medelci, ce lundi, en réitérant la volonté de l’Algérie d’organiser cette médiation.


Les responsables algériens et burkinabè ont également évoqué la situation des réfugiés maliens qui ont fuit les combats vers les pays frontaliers. Selon les Nations unies, ils seraient désormais plus de 65 000. L’Algérie a annoncé l’envoi d’une aide humanitaire dans le courant de la semaine. Une manière encore de rappeler qu’elle est un interlocuteur indispensable dans cette crise.

RFI



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