27 févr. 2013

Mali :Les communautés de Tombouctou crient leurs inquiétudes

Zine Cherfaoui, El Watan   
Craignant de voir leur région et leurs droits sacrifiés sur l’autel de la sécurité au Sahel et des seuls intérêts de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), des représentants des communautés originaires de Tombouctou (Nord-ouest du Mali) sont encore montés au créneau pour réclamer l’ouverture, dans les plus brefs délais, d’un dialogue pour résoudre la crise dans leur pays et «l’arrêt immédiat» des exactions contre les civils.

«Nous recommandons (…) la poursuite d’un dialogue pleinement inclusif intra-communautaire et intercommunautaire», ont-ils affirmé dans une déclaration rendue publique dimanche à l’issue d’une réunion de deux jours qui s’est déroulée à Saly, une ville du Sénégal. Le document en question a été signé par 33 notables, dont des députés (Baba Sandy Haïdara de Tombouctou et Nokh Ag Attia de Diré) et des maires (Ousmane Halle de Tombouctou et Cheickna Dicko de Léré). Ils figuraient également parmi les participants à ce conclave des dizaines d’autres élus, des fonctionnaires, des représentants de la société civile et ainsi que des réfugiés.  Dans leur déclaration, toutes ces personnes ont également demandé «le déploiement de forces de sécurité républicaines » à même de « rassurer les populations dans leur diversité », l’arrestation et le jugement «des personnes  présumées (auteurs) de crimes et d’exactions».
Dans le souci d’éviter de nouveaux dérapages, la France a réitéré mardi à Genève son appel aux autorités maliennes qui combattent des groupes terroristes dans le nord du pays à «mettre en oeuvre leurs engagements en matière de droits de l’Homme et de lutte contre l’impunité».   L’Algérie a exprimé, le même jour aussi, sa vive préoccupation concernant les dérives et les exactions commises contre les populations de l’Azawad et appelé la communauté internationale à tout entreprendre pour mettre fins à ces crimes. Présent à Genève lors de la 22ème session du Conseil des droits de l’homme (CDH), le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a indiqué que ces crimes mettent en péril l’intégrité territoriale du Mali, contrarient la réconciliation nationale et compromettent l’avènement d’une paix durable dans le pays. «Nous encourageons le gouvernement de transition malien à appliquer la feuille de route sur la crise multidimensionnelle à laquelle il fait face, où la question du développement reste entière», a encore soutenu le chef de la diplomatie algérienne.
Le rappel à l’ordre d’Alger et de Paris
L’invitation au « dialogue inclusif » émise depuis le Sénégal par ces notables de Tombouctou intervient à peine une semaine après le SOS adressé par le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) à travers lequel ces leaders ont appelé la communauté internationale à agir vite pour mettre fin aux « graves atteintes aux droits de l’homme » dont se rendent coupables les unités de l’armée malienne au moment de la reconquête des localités contrôlées depuis une année par les éléments d’Aqmi.
Mais outre effectivement de l’inquiétude suscitée par l’extrême précarité de la situation des droits humains dans le nord du Mali, ces deux sorties (celles des représentants de Tombouctou et du MNLA) s’expliquent surtout par le fait que Bamako n’ait encore manifesté aucune intention sérieuse d’engager le dialogue inter-maliens pourtant promis depuis des mois. Certes, Bamako a bien rendu publique récemment une «feuille de route» censée aider le pays à sortir de la situation de transition dans laquelle il se trouve depuis le renversement de l’ancien président Amadou Toumani Touré par les militaires. Celle-ci laisse néanmoins sur le carreau les populations du Nord qui, aujourd’hui, redoutent de voir le « nouveau Mali » se faire sans elles ou d’en être exclues. D’où le malaise et l’inquiétude des habitants originaires de l’Azawad.
Manque de visibilité politique
Et eu égard, justement, au manque de visibilité qui caractérise la feuille de route proposée fin  janvier par le président de transition Dioncounda Traoré et votée par l’Assemblée nationale malienne, près d’une centaine de partis politiques et d’associations du Mali ont lancé lundi à Bamako une «initiative pour la paix et l’unité nationale». Celle-ci appelle notamment à des élections libres et au respect des droits de l’homme. La feuille de route politique sponsorisée par les autorités maliennes prévoit, rappelle-t-on, des élections générales à une date non fixée officiellement. Et c’est précisément cette autre grande inconnue qui angoisse l’opinion malienne en général. «Nous demandons au gouvernement malien de tout mettre en oeuvre pour organiser dans les meilleurs délais possibles des élections libres, démocratiques et transparentes sur l’ensemble du territoire national», affirment ces organisations dans un document qu’elles ont signé à l’issue de leur rencontre.
Parmi les signataires de l’«initiative pour la paix et l’unité nationale » figurent le Front pour la démocratie et la République (FDR, coalition de partis et d’associations contre le coup d’Etat militaire du 22 mars 2012 au Mali), la Convergence pour sauver le Mali (CSM, regroupement de partis et d’associations se disant «centristes»), ainsi que de nombreuses associations confessionnelles et féminines. Dans leur texte, ils invitent « toutes les parties impliquées dans la guerre » à rejoindre leur initiative. Ils exhortent les différentes parties « à  veiller au respect du code de l’honneur du soldat et des droits humains». Pour eux, il est nécessaire de traduire « les criminels devant la justice ». Les Maliens ont « l’impérieux devoir (…) de réaliser rapidement l’unité nationale », estiment-ils. Il est à espérer, maintenant, que toutes ces préoccupations « urgentes » soient aussi celles du gouvernement  malien de transition.

Zine Cherfaoui,
http://www.elwatan.com/international/mali-les-communautes-de-tombouctou-crient-leurs-inquietudes-27-02-2013-204939_112.php

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