SYNTHESE ET RECOMMANDATIONS
Pour les populations maliennes originaires du Nord, le sentiment d’avoir été « libérées » par l’intervention militaire française déclenchée le 11 janvier 2013 est une réalité. Au Mali, mais aussi en Afrique de l’Ouest et au-delà, cet engagement militaire soudain mais manifestement préparé a recueilli un large soutien. Il était nécessaire pour mettre fin à une offensive des groupes jihadistes que l’armée malienne n’aurait pas pu repousser. La France en a profité pour entreprendre une destruction des forces d’al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI). Alors que des combats continuent sporadiquement au Nord, le Mali va mieux mais les menaces sur la sécurité, la stabilité et la coexistence des différentes communautés restent redoutables. Les autorités de Bamako, les organisations africaines et les Nations unies qui vont déployer une mission de stabilisation doivent s’entendre au plus vite sur une stratégie de sortie de crise qui intègre la sécurisation du territoire, la protection des civils, le dialogue inter-malien inclusif, le redéploiement de l’Etat au Nord et l’organisation d’élections crédibles et non violentes.
Le Mali est entré dans la tourmente au début de l’année 2012 lorsque le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a entrepris de chasser l’armée malienne du Nord et de revendiquer l’indépendance de cette vaste partie du pays. Produit des années de guerre civile en Algérie, AQMI s’est installée au Nord-Mali depuis une décennie et y a bâti des alliances locales qui ont débouché sur la neutralisation de l’Etat et du MNLA et sur une prise de contrôle du Nord depuis fin juin 2012 par des groupes armés jihadistes, Ançar Eddine et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Les rébellions au Nord et le coup d’Etat du 21 mars 2012 ont mis le pays à genoux. Laborieusement développé par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le projet de déploiement d’une force africaine a été finalement validé, à reculons, par la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l’ONU le 20 décembre 2012.
L’offensive des jihadistes vers le centre du pays s’est révélée suicidaire pour ces groupes qui n’avaient pas anticipé la réaction militaire puissante de la France sur la demande du président intérimaire Dioncounda Traoré. L’armée malienne n’a fait que suivre les forces françaises qui ont pris successivement les trois villes importantes du Nord, Gao, Tombouctou et Kidal. Dans la région de Kidal, la plus au Nord, les forces françaises et tchadiennes ont pris pied sans les Maliens, moins pour reconquérir l’intégralité du territoire que pour poursuivre les combattants d’AQMI dans leurs refuges et détruire leurs stocks d’armes, de munitions, d’essence et de vivres. Pour la France, il s’agit bien de « finir le travail », dans le contexte d’une guerre déclarée contre le terrorisme. Sauf qu’il est difficile de savoir à partir de quel moment les capacités des groupes jihadistes auront été suffisamment réduites pour ne pas exposer à des attaques terroristes les populations civiles et les forces de l’actuelle Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma).
L’opposition entre solution militaire et solution politique à la crise n’a pas plus de pertinence après l’intervention qu’avant celle-ci. La sécurisation du Nord est loin d’être acquise et l’Etat demeure absent de la région de Kidal, dont le MNLA revendique le contrôle. Ses forces armées restent déstructurées et incapables d’empêcher certains de leurs éléments de commettre de graves exactions contre des civils notamment touareg et arabes accusés indistinctement de collusion avec l’ennemi. L’action militaire au Nord a certes renforcé l’autorité du président mais l’ex-junte conserve une influence et les acteurs politiques civils restent incapables de remobiliser les Maliens autour de la reprise en main de la destinée du pays. Enfin, le gouvernement a annoncé et maintient le mois de juillet pour la tenue de l’élection présidentielle alors que les conditionstechniques, politiques, sécuritaires et psychologiques nécessaires ne seront pas réunies.
Ni une présence prolongée de l’armée française, ni la transformation de la Misma en une mission de stabilisation de l’ONU ne peuvent se substituer à l’immense chantier politique auquel doivent s’attaquer les autorités intérimaires, les acteurs politiques et la société civile. Le temps du dialogue politique à Bamako, du dialogue intercommunautaire au Nord, de la tolérance zéro pour toute exaction des membres des forces de sécurité, du redéploiement de l’Etat au Nord est venu. Il faut organiser rapidement des élections mais pas à n’importe quel prix : le travail de réconciliation doit commencer maintenant, tout comme la fourniture de services sociaux et économiques aux populations du Nord, afin de favoriser un retour progressif des milliers de déplacés et de réfugiés. La radicalisation de l’opinion publique est réelle et il faut une forte volonté politique pour combattre les amalgames entre rebelles, terroristes, narcotrafiquants et Touareg ou Arabes. La campagne électorale risque d’aggraver encore les fractures.
La focalisation sur le terrorisme ne laisse aucune place à un examen dépassionné des vrais problèmes du Nord. Dans la hiérarchie des causes de la crise, la corruption et le laxisme dans la gouvernance viennent loin devant un problème terroriste, touareg ou même Nord-Sud. La communauté internationale doit exiger des Maliens qu’ils prennent leurs responsabilités. La manière la plus raisonnable et réaliste pour l’Etat de reprendre pied partout sur son territoire et d’y maintenir durablement la sécurité est de trouver un compromis avec les représentants des communautés, de donner des raisons aux populations les plus isolées de se sentir concernées par l’Etat et de tenir compte de la vulnérabilité de ces vastes zones frontalières aux mouvements d’armes et à l’émergence de rebelles.
Le défi le plus important et immédiat pour les organisations africaines et l’ONU est d’harmoniser leurs positions sur les modalités du processus politique. Il faut faire comprendre au MNLA qu’il est dans son intérêt de discuter maintenant les modalités de la participation de ses représentants ou sympathisants à un dialogue ouvert sur les vrais problèmes du Nord et de s’engager à renoncer à la lutte armée, et convaincre Bamako de ne pas fermer la porte à toute discussion, même discrète, avec ceux qui se réclament de ce mouvement en multipliant les préalables comme l’exigence d’un désarmement immédiat. La Cedeao, l’Union africaine (UA), le Conseil de sécurité de l’ONU, la Mauritanie, l’Algérie, le Niger, le Burkina Faso et la France doivent communiquer le même message aux dirigeants à Bamako et aux responsables du MNLA. Même un tel effort ne résoudra pas tout. Sans de nouveaux mécanismes de sécurité régionale impliquant tous les pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest, toute victoire sur le terrorisme, l’extrémisme et le trafic de drogue au Mali ne sera que temporaire.
RECOMMANDATIONS
Pour lancer un processus politique de réconciliation et de retour à la paix
Au gouvernement d’union nationale du Mali :
1. Afficher fortement et clairement sa volonté d’entamer une politique de réconciliation nationale et de retour à la paix et son ambition de rompre avec les pratiques politiques et administratives responsables de la crise actuelle en :
3. S’assurer que le processus électoral s’inscrive dans une atmosphère de confiance, qu’il s’achève entièrement, y compris les législatives, avant la fin de l’année 2013 et que l’ensemble des Maliens puissent y prendre part, en :
4. Prendre une part active dans le processus de réconciliation intercommunautaire et de retour à la paix en participant à l’organisation de dialogues inclusifs aux échelles locales, régionales et nationale ; et en luttant contre l’atmosphère de règlements de comptes et de méfiance.
5. S’associer pleinement au processus électoral pour donner quelque chance à une transformation future de la gouvernance, et pour cela, contribuer à rendre publiques à travers les médias les informations sur les candidats, leurs partis, leurs programmes et l’origine de leurs ressources financières.
6. Encourager les autorités à ne pas adopter une approche uniquement sécuritaire et répressive à l’égard des citoyens maliens qui ont adhéré en 2012 à certains groupes armés islamistes, à chercher à comprendre les facteurs d’exclusion économique, sociale et culturelle qui ont pu favoriser la radicalisation islamiste et prendre l’initiative d’un débat public sur la place du religieux dans la société et les leçons à tirer de la crise actuelle.
Au Conseil de sécurité des Nations unies :
7. Doter la mission de l’ONU d’un mandat fort pour soutenir le processus politique, dans sa double dimension de dialogue et de préparation des élections, en :
Aux acteurs régionaux et internationaux concernés, notamment l’envoyé spécial de l’UA pour le Mali, le médiateur de la Cedeao, les autorités de la Mauritanie, de l’Algérie, du Niger et de la France :
9. Adopter une position claire et commune pour faciliter l’inclusion des représentants du MNLA dans le dialogue inter-malien en échange de l’engagement du mouvement à renoncer à la lutte armée.
Pour poursuivre la sécurisation du territoire et protéger les populations
Au gouvernement du Mali et à ses forces de défense et de sécurité :
10. Assurer la sécurité des populations civiles et tout particulièrement des communautés qui pourraient faire l’objet de persécutions pour leur association supposée aux différents groupes armés en :
Aux autorités françaises :
12. Maintenir effectivement des forces capables de réaction rapide sur le territoire malien après le début du retrait graduel des troupes et clarifier les relations que ces forces auront avec la future mission de stabilisation de l’ONU.
13. Epauler les autorités maliennes et la Misma dans les missions de protection des populations civiles jusqu’au déploiement effectif de la mission de l’ONU.
A la Misma, aux pays contributeurs de troupes et aux donateurs qui ont promis des financements :
14. Doter aussi rapidement que possible la Misma des moyens financiers nécessaires à l’atteinte de ses effectifs et, sans attendre l’envoi de la mission de l’ONU, permettre le déploiement de toutes ses composantes conformément au concept d’opérations révisé conjoint de la Misma et des forces maliennes.
Au Conseil de sécurité des Nations unies :
15. Autoriser une mission de stabilisation des Nations unies au Mali dont le mandat et le format seront adaptés aux conditions particulières du pays en résistant à la tentation des réponses standardisées ; et pour cela :
16. Prendre l’initiative d’une discussion franche visant à préserver les intérêts sécuritaires régionaux en :
Pour les populations maliennes originaires du Nord, le sentiment d’avoir été « libérées » par l’intervention militaire française déclenchée le 11 janvier 2013 est une réalité. Au Mali, mais aussi en Afrique de l’Ouest et au-delà, cet engagement militaire soudain mais manifestement préparé a recueilli un large soutien. Il était nécessaire pour mettre fin à une offensive des groupes jihadistes que l’armée malienne n’aurait pas pu repousser. La France en a profité pour entreprendre une destruction des forces d’al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI). Alors que des combats continuent sporadiquement au Nord, le Mali va mieux mais les menaces sur la sécurité, la stabilité et la coexistence des différentes communautés restent redoutables. Les autorités de Bamako, les organisations africaines et les Nations unies qui vont déployer une mission de stabilisation doivent s’entendre au plus vite sur une stratégie de sortie de crise qui intègre la sécurisation du territoire, la protection des civils, le dialogue inter-malien inclusif, le redéploiement de l’Etat au Nord et l’organisation d’élections crédibles et non violentes.
Le Mali est entré dans la tourmente au début de l’année 2012 lorsque le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a entrepris de chasser l’armée malienne du Nord et de revendiquer l’indépendance de cette vaste partie du pays. Produit des années de guerre civile en Algérie, AQMI s’est installée au Nord-Mali depuis une décennie et y a bâti des alliances locales qui ont débouché sur la neutralisation de l’Etat et du MNLA et sur une prise de contrôle du Nord depuis fin juin 2012 par des groupes armés jihadistes, Ançar Eddine et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Les rébellions au Nord et le coup d’Etat du 21 mars 2012 ont mis le pays à genoux. Laborieusement développé par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le projet de déploiement d’une force africaine a été finalement validé, à reculons, par la résolution 2085 du Conseil de sécurité de l’ONU le 20 décembre 2012.
L’offensive des jihadistes vers le centre du pays s’est révélée suicidaire pour ces groupes qui n’avaient pas anticipé la réaction militaire puissante de la France sur la demande du président intérimaire Dioncounda Traoré. L’armée malienne n’a fait que suivre les forces françaises qui ont pris successivement les trois villes importantes du Nord, Gao, Tombouctou et Kidal. Dans la région de Kidal, la plus au Nord, les forces françaises et tchadiennes ont pris pied sans les Maliens, moins pour reconquérir l’intégralité du territoire que pour poursuivre les combattants d’AQMI dans leurs refuges et détruire leurs stocks d’armes, de munitions, d’essence et de vivres. Pour la France, il s’agit bien de « finir le travail », dans le contexte d’une guerre déclarée contre le terrorisme. Sauf qu’il est difficile de savoir à partir de quel moment les capacités des groupes jihadistes auront été suffisamment réduites pour ne pas exposer à des attaques terroristes les populations civiles et les forces de l’actuelle Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma).
L’opposition entre solution militaire et solution politique à la crise n’a pas plus de pertinence après l’intervention qu’avant celle-ci. La sécurisation du Nord est loin d’être acquise et l’Etat demeure absent de la région de Kidal, dont le MNLA revendique le contrôle. Ses forces armées restent déstructurées et incapables d’empêcher certains de leurs éléments de commettre de graves exactions contre des civils notamment touareg et arabes accusés indistinctement de collusion avec l’ennemi. L’action militaire au Nord a certes renforcé l’autorité du président mais l’ex-junte conserve une influence et les acteurs politiques civils restent incapables de remobiliser les Maliens autour de la reprise en main de la destinée du pays. Enfin, le gouvernement a annoncé et maintient le mois de juillet pour la tenue de l’élection présidentielle alors que les conditionstechniques, politiques, sécuritaires et psychologiques nécessaires ne seront pas réunies.
Ni une présence prolongée de l’armée française, ni la transformation de la Misma en une mission de stabilisation de l’ONU ne peuvent se substituer à l’immense chantier politique auquel doivent s’attaquer les autorités intérimaires, les acteurs politiques et la société civile. Le temps du dialogue politique à Bamako, du dialogue intercommunautaire au Nord, de la tolérance zéro pour toute exaction des membres des forces de sécurité, du redéploiement de l’Etat au Nord est venu. Il faut organiser rapidement des élections mais pas à n’importe quel prix : le travail de réconciliation doit commencer maintenant, tout comme la fourniture de services sociaux et économiques aux populations du Nord, afin de favoriser un retour progressif des milliers de déplacés et de réfugiés. La radicalisation de l’opinion publique est réelle et il faut une forte volonté politique pour combattre les amalgames entre rebelles, terroristes, narcotrafiquants et Touareg ou Arabes. La campagne électorale risque d’aggraver encore les fractures.
La focalisation sur le terrorisme ne laisse aucune place à un examen dépassionné des vrais problèmes du Nord. Dans la hiérarchie des causes de la crise, la corruption et le laxisme dans la gouvernance viennent loin devant un problème terroriste, touareg ou même Nord-Sud. La communauté internationale doit exiger des Maliens qu’ils prennent leurs responsabilités. La manière la plus raisonnable et réaliste pour l’Etat de reprendre pied partout sur son territoire et d’y maintenir durablement la sécurité est de trouver un compromis avec les représentants des communautés, de donner des raisons aux populations les plus isolées de se sentir concernées par l’Etat et de tenir compte de la vulnérabilité de ces vastes zones frontalières aux mouvements d’armes et à l’émergence de rebelles.
Le défi le plus important et immédiat pour les organisations africaines et l’ONU est d’harmoniser leurs positions sur les modalités du processus politique. Il faut faire comprendre au MNLA qu’il est dans son intérêt de discuter maintenant les modalités de la participation de ses représentants ou sympathisants à un dialogue ouvert sur les vrais problèmes du Nord et de s’engager à renoncer à la lutte armée, et convaincre Bamako de ne pas fermer la porte à toute discussion, même discrète, avec ceux qui se réclament de ce mouvement en multipliant les préalables comme l’exigence d’un désarmement immédiat. La Cedeao, l’Union africaine (UA), le Conseil de sécurité de l’ONU, la Mauritanie, l’Algérie, le Niger, le Burkina Faso et la France doivent communiquer le même message aux dirigeants à Bamako et aux responsables du MNLA. Même un tel effort ne résoudra pas tout. Sans de nouveaux mécanismes de sécurité régionale impliquant tous les pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest, toute victoire sur le terrorisme, l’extrémisme et le trafic de drogue au Mali ne sera que temporaire.
RECOMMANDATIONS
Pour lancer un processus politique de réconciliation et de retour à la paix
Au gouvernement d’union nationale du Mali :
1. Afficher fortement et clairement sa volonté d’entamer une politique de réconciliation nationale et de retour à la paix et son ambition de rompre avec les pratiques politiques et administratives responsables de la crise actuelle en :
a) favorisant, sans en monopoliser l’initiative, la tenue de dialogues inclusifs aux niveaux national, régionaux et locaux ;2. Se montrer disposé à inclure dans le processus de dialogue les représentants ou sympathisants des groupes qui s’engagent à abandonner la lutte armée, et notamment ceux du MNLA, en acceptant une éventuelle facilitation extérieure et en y associant les représentants des communautés du Nord.
b) redéployant l’Etat au Nord et en privilégiant, au-delà des forces de police et de gendarmerie, les services publics et la relance économique ;
c) élaborant un plan spécial d’urgence pour le Nord s’inscrivant en rupture explicite avec le passé, notamment en garantissant la transparence dans l’usage des fonds et en se mettant à l’écoute des populations dont le rapport à l’Etat a changé après plusieurs mois d’absence totale de ce dernier ; et
d) soutenant la Commission dialogue et réconciliation (CDR) afin qu’elle élabore aussi vite que possible un plan de travail pour contribuer à l’apaisement et à la réconciliation avant les élections.
3. S’assurer que le processus électoral s’inscrive dans une atmosphère de confiance, qu’il s’achève entièrement, y compris les législatives, avant la fin de l’année 2013 et que l’ensemble des Maliens puissent y prendre part, en :
a) créant les conditions de sécurité appropriées pour que tous les électeurs des régions du pays ainsi que les déplacés et les réfugiés puissent voter ;Aux forces politiques et aux organisations de la société civile malienne :
b) recherchant une solution politique permettant le vote des électeurs de la région de Kidal ; et
c) proposant aux candidats à l’élection présidentielle un engagement solennel à accepter les résultats ou à les contester exclusivement selon les modalités fixées par la loi, à conduire une campagne électorale compatible avec l’objectif de réconciliation nationale, à mettre en œuvre en cas de victoire une politique visant cette réconciliation, et à organiser les élections législatives le plus tôt possible, et dans tous les cas, avant la fin 2013.
4. Prendre une part active dans le processus de réconciliation intercommunautaire et de retour à la paix en participant à l’organisation de dialogues inclusifs aux échelles locales, régionales et nationale ; et en luttant contre l’atmosphère de règlements de comptes et de méfiance.
5. S’associer pleinement au processus électoral pour donner quelque chance à une transformation future de la gouvernance, et pour cela, contribuer à rendre publiques à travers les médias les informations sur les candidats, leurs partis, leurs programmes et l’origine de leurs ressources financières.
6. Encourager les autorités à ne pas adopter une approche uniquement sécuritaire et répressive à l’égard des citoyens maliens qui ont adhéré en 2012 à certains groupes armés islamistes, à chercher à comprendre les facteurs d’exclusion économique, sociale et culturelle qui ont pu favoriser la radicalisation islamiste et prendre l’initiative d’un débat public sur la place du religieux dans la société et les leçons à tirer de la crise actuelle.
Au Conseil de sécurité des Nations unies :
7. Doter la mission de l’ONU d’un mandat fort pour soutenir le processus politique, dans sa double dimension de dialogue et de préparation des élections, en :
a) demandant au futur représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali de jouer un rôle de bons offices pour faciliter le dialogue entre les acteurs politiques maliens et les autorités de transition afin de contribuer à une marche apaisée vers les élections ;8. Doter la mission d’une composante « affaires civiles » importante et adaptée à la nécessité d’accompagner le Mali dans le redéploiement de l’Etat au Nord en accordant une attention toute particulière à la remise en état des institutions judiciaires et de l’administration pénitentiaire et en évaluant rapidement les besoins de renforcement des capacités de l’appareil judiciaire.
b) dotant la mission d’un mandat précis dans le soutien au processus électoral en s’appuyant sur le dispositif d’assistance des Nations unies et en déployant des experts sur tout le territoire bien avant les élections ; et
c) autorisant la mission à se tenir prête à apporter un soutien technique à la CDR.
Aux acteurs régionaux et internationaux concernés, notamment l’envoyé spécial de l’UA pour le Mali, le médiateur de la Cedeao, les autorités de la Mauritanie, de l’Algérie, du Niger et de la France :
9. Adopter une position claire et commune pour faciliter l’inclusion des représentants du MNLA dans le dialogue inter-malien en échange de l’engagement du mouvement à renoncer à la lutte armée.
Pour poursuivre la sécurisation du territoire et protéger les populations
Au gouvernement du Mali et à ses forces de défense et de sécurité :
10. Assurer la sécurité des populations civiles et tout particulièrement des communautés qui pourraient faire l’objet de persécutions pour leur association supposée aux différents groupes armés en :
a) affichant publiquement et fermement que la protection de toutes les communautés maliennes constitue une préoccupation centrale ;11. Collaborer pleinement avec la mission européenne de formation militaire (EUTM Mali) et s’engager plus largement dans un processus profond de réforme du secteur de la sécurité, y compris les forces de police.
b) renforçant la présence des forces de gendarmerie et de police dans les territoires libérés ; et
c) faisant preuve d’une extrême fermeté à l’encontre des dérives violentes, y compris de la part d’éléments appartenant aux forces maliennes.
Aux autorités françaises :
12. Maintenir effectivement des forces capables de réaction rapide sur le territoire malien après le début du retrait graduel des troupes et clarifier les relations que ces forces auront avec la future mission de stabilisation de l’ONU.
13. Epauler les autorités maliennes et la Misma dans les missions de protection des populations civiles jusqu’au déploiement effectif de la mission de l’ONU.
A la Misma, aux pays contributeurs de troupes et aux donateurs qui ont promis des financements :
14. Doter aussi rapidement que possible la Misma des moyens financiers nécessaires à l’atteinte de ses effectifs et, sans attendre l’envoi de la mission de l’ONU, permettre le déploiement de toutes ses composantes conformément au concept d’opérations révisé conjoint de la Misma et des forces maliennes.
Au Conseil de sécurité des Nations unies :
15. Autoriser une mission de stabilisation des Nations unies au Mali dont le mandat et le format seront adaptés aux conditions particulières du pays en résistant à la tentation des réponses standardisées ; et pour cela :
a) maintenir une distinction claire entre, d’une part, la mission de stabilisation de la situation politique et sécuritaire du pays qui relève du mandat des Nations unies et, d’autre part, une « force parallèle » destinée à des opérations offensives dont il faudra clarifier la base juridique et la couverture géographique du mandat ;A la Commission de l’UA, aux Etats du Sahel, d’Afrique de l’Ouest et du Nord, à l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahel et à l’envoyé spécial de l’Union européenne (UE) pour le Sahel :
b) doter cette mission de moyens spécifiques en matière de collecte et d’analyse de l’information, en lui permettant de bénéficier de l’assistance des pays tiers, notamment la France et les Etats-Unis ;
c) intégrer à la mission une forte composante civile dédiée au suivi de la situation des droits de l’homme et particulièrement à l’observation du comportement des forces maliennes et étrangères à l’égard des populations ; et
d) donner à la mission le mandat d’aider à la mobilisation et à la coordination des ressources affectées à la réforme des forces de défense et de sécurité du Mali.
16. Prendre l’initiative d’une discussion franche visant à préserver les intérêts sécuritaires régionaux en :
a) élaborant de nouveaux mécanismes de sécurité régionale axés sur le contrôle des flux transnationaux de personnes, d’armes et de produits illicites ; ou en restructurant les mécanismes existants ; etDakar/Bruxelles, 11 avril 2013,http://www.crisisgroup.org/fr/regions/afrique/afrique-de-louest/mali/201-mali-security-dialogue-and-meaningful-reform.aspx
b) cherchant à donner une nouvelle impulsion économique dans l’espace sahélo-saharien par des projets de développement transnationaux.