15 nov. 2011

Le Sahel dans un état permanent de crise

Le Groupe de Travail sur le Sahel qui est une coalition d’ONGs internationales, lance ce mardi 15 novembre 2011, un rapport évaluant les réponses aux crises alimentaires régionales de 2005 et de 2010.  Il conclut, selon ce communiqué de presse qui résume le document, que «le sahel est dans un état permanent de crise» et qu’il est nécessaire d’adopter des réponses plus rapides et mieux ciblées pour prévenir les crises d’envergure dans le futur.


«Avec les baisses de productions agricoles et le déficit fourrager constatés cette saison et ce dans un contexte de hausse des prix des denrées alimentaires, le groupe indique qu’il faut tirer les leçons afin d’éviter de sérieux impacts en 2012 et au delà.
Le rapport souligne que la réponse à la crise de 2010 qui a affecté plus de dix millions de personnes au Mali, au Tchad et au Niger a été meilleure que celle de 2005. Cependant l’on convient que l’intervention a été tardive et pas suffisante pour sauver les moyens d’existence de millions de personnes.
Au lieu d’attendre que les crises surviennent pour agir, le rapport recommande aux différents acteurs d’investir dans les moyens d’existence des populations les plus pauvres, pour lutter contre les causes structurelles de la vulnérabilité chronique.
  
“Le fait que 300 000 enfants meurent en saison normale de malnutrition est en soi un scandale, mais cela montre aussi que cette région est chroniquement vulnérable à ce genre de crises alimentaires qui ont affecté beaucoup de personnes en 2005 et en 2010”, selon Dodo Boureïma de Bilital Marobé.
Au cours des derniers mois, la fragilité du Sahel a été mise à rude épreuve par le conflit en Libye qui a entraîné des conséquences économiques dans certaines régions du Mali, du Tchad et du Niger à cause des pertes de revenus envoyés de l’extérieur par les travailleurs immigrés, forcés de fuir le pays. Etant donné que les populations sahéliennes dépensent plus de 60% de leurs revenus pour acheter de la nourriture sur le marché, la montée des prix de denrées alimentaires reste aussi un défi majeur pour les familles qui sont encore menacées par le déficit céréalier et de pâturages dû aux faibles pluies constatées cette année.

Al Hassan Cissé, coordonnateur du plaidoyer en Sécurité alimentaire d’Oxfam en Afrique de l’Ouest précise que: «Nous ne pouvons pas attendre que la prochaine crise intervienne pour tirer les leçons du passé. Nous devons investir maintenant dans les programmes visant à augmenter les capacités de résilience des populations face aux chocs. Si nous continuons d’attendre, nous ne pourront pas faire face aux crises qui détruisent les vies et les moyens d’existence des personnes, et ainsi le Sahel ne pourra jamais mettre un terme au cercle vicieux de la pauvreté et de la faim. Les solutions existent si nous voulons penser différemment et agir efficacement.» 
Le rapport souligne également qu’il y a encore des faiblesses dans l’efficacité du système d’alerte rapide, le délai des réponses, le choix des cibles, et la capacité d’anticiper et de répondre spécifiquement  et efficacement aux problèmes rencontrés par les éleveurs.
Le groupe de travail sur le Sahel, recommande à tous les gouvernements, les acteurs humanitaires de changer fondamentalement leur façon de penser et de répondre aux crises alimentaires au Sahel.   

Une telle approche, inclut l’investissement dans les petites exploitations agricoles, la réduction des risques de désastre et le développement de programmes de protection sociale visant les pauvres. Tout cela serait moins couteux et plus efficace dans la sauvegarde des vies que les réponses aux crises. L’ancien Directeur des Nations Unies pour les Affaires Humanitaires Jan Egeland a affirmé qu’avant la crise de 2005, le coût pour prévenir la malnutrition aigüe chez un enfant était d’un dollar, mais une fois que la crise s’était déclarée ce coût atteignait 80 dollars pour sauver un enfant.   

Et avec la grande insécurité alimentaire qui se dessine cette année, Dodo Boureïma de  Bilital Maroobé avertit que «nous ne devons plus avoir de pertes de bétails et de troupeaux, non plus de morts. Nous ne voulons plus voir nos femmes et nos enfants souffrir à cause de la réaction tardive de nos gouvernements et de la  communauté internationale. Nous devons agir maintenant, au regard de ce que nous avons appris par le passé.  Si rien n’est fait maintenant, nous risquons d’éprouver les mêmes souffrances qu’en 2005 et 2010».
 
Source: Fasozine 

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