Le peuple Tamasheq s'est toujours opposé à ceux qu'il considère comme étant des envahisseurs. La longue résistance à l'islamisation, ou encore celle quasi-permanente à la colonisation française sont des exemples. Au Mali, une partie du peuple Tamasheq n'a jamais voulu faire partie de cette entité préfabriqué par le colonisateur. Aujourd'hui, toutes les conditions semblent être propices à une indépendance de l'Azawad.
La configuration globale actuelle fait que les chances de création d'un état Tamasheq comme en ont rêvé Kaocene Ag Gedda, Mohamed Ali Ag Attaher, et Zeyd Ag Attaher sont plus importantes qu'elles ne l'ont jamais été. Kaocen a presque réussi son plan de création d'un état moderne durant le première guerre mondiale, mais des petits détails comme son canon rouillé lors de la prise d'Agadez en ont décidés autrement. Mohamed Ali Ag Attaher n'a pas pu réaliser son plan parce que la France et les cadres soudanais d'avant l'indépendance ont combattus son plan d'éducation moderne en masse des enfants Tamasheq. Lorsqu'il arrivait à faire éduquer des enfants dans les pays Arabes, ceux-ci oubliaient les raison pour lesquelles Mohamed Ali Ag Attaher s'était battu. Quant à Zeid Ag Attaher, la France et l'Algérie ne l'ont pas soutenues comme ils le lui ont promis, au contraire, l'Algérie l'a même livré au Mali lorsque ses combattants étaient en manque à la fois en vivre qu'en armement.
Aujourd'hui, les choses ont changées. Contrairement au temps de Kaocene Ag Gedda, le canon ne sera plus rouillé et inutilisable. Dans les camps de Zakak, Tin-Assalak, et autres Takalote se trouvent des missiles de courte portée, BM 21, BTR 60, missiles sol-sol, sol-air, et autres armements lourds. A ces armes déjà présentes s'ajouteront celles qui seront prises dans les casernes maliennes. Rappelons que Kaocen n'était pas le seul à entrer dans un conflit armé avec un déséquilibre criant en armement. Lorsque le jeune Alladi Ag Alla commençait la rébellion en 1963, le seul armement qu'il avait était les deux fusils qu'il avait pris à deux goumiers à Timeyawane en compagnie de son ami Tetuka Ag Alladi. Lorsque Iyad Ag Ghaly et ses compagnons commençaient la rébellion le 28 Juin 1990 à Ménaka, les seuls armes qu'ils avaient étaient deux vielles carabines et des cordes. Pour la première fois, si guerre ou rébellion il y aura, les Tamasheq ne la commenceront pas avec un déséquilibre insurmontable en armement.
Aujourd'hui, le monde à une plus grande disponibilité à concevoir la formation de nouveaux états. En effet, un grand nombre de pays ont acquis leur indépendance ces 20 dernières années. En Afrique, ce mouvement a commencé par la Namibie qui fut indépendant de l'Afrique du Sud en Mars 1990. Deux ans plus tard, c'était l'Erythrée qui a acquis son indépendance de l'Ethiopie. Il y a quelques mois, c'était le Sud-Soudan qui devenait indépendant du Soudan le 9 Juillet 2011. En Europe également, les indépendances ont bouleversés les cartes avec les indépendances du Monténégro, de la Serbie, et du Kosovo entre 2006 et 2008. L'Asie n'est pas en reste avec l'indépendance du Timor Oriental de Xanana Gusmao en 2002. Dans les années à venir, d'autres indépendances verront surement le jour créant un environnement mondial favorable au projet Azawadien.
La guerre en Libye a lancée le partage de l'Afrique et l'accaparation de ses ressources dans un monde de plus en plus en manque de matière première. La Libye ne connaitra pas la paix et la quiétude pour encore de nombreuses années. Le CNT actuel n'est autre que les anciens compagnons de Kadhafi qui travaillaient avec lui jusqu'au début de la révolution du 17 Février à Benghazi. Les Imazighens de Libye sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone dans ce pays. Après leur apport déterminant dans la chute de Kadhafi, ils n'accepteront plus ce statut. S'il le faut, ils prendront les armes contre les nouvelles autorités Libyennes. Les Islamistes et les anciens membres d'Al Qaeda ont aussi joués un rôle de choix dans la révolution. Ils voudront faire de la Libye un état Islamique ou seule la culture Arabe est acceptée et la charia la seule source de loi. Tout le monde n'entendra pas cela de la même oreille. Aussi, la Libye est un pays de fait de plus de 2.000 tribus. Le régime Kadhafi était le ciment qui reliait ces tribus. Nous pouvons nous attendre à tout type d'abus et de règlements de compte.
Dans ce contexte, nous pouvons nous attendre a encore plus de déstabilisation dans la sous-région. Aussi, l'occident ne compte pas s'arrêter là. Ses prochaines cibles semblent être la Syrie, l'Iran, et l'Algérie. Contrairement à la Libye, aucun de ses pays ne sera une proie facile pour eux. Ils y laisseront encore plus de plumes, ce qui démunira encore plus leurs forces d'actions et d'armements du Mali. Aussi, l'Algérie faisant parti des cibles de Nicolas Sarkozy, s'il est réélu, nous pouvons nous attendre à une guerre dans ce pays. L'Algérie étant actuellement le plus grand ennemi du projet Azawadien, il aura moins de possibilité de nuire. Aussi, les Kabyles en Algérie, avec à leur tête le MAK (Mouvement Autonome Kabyle) et le GPK (Gouvernement Autonome Kabyle) continueront à demander plus de droit dans ce pays.
Le monde occidental est sur la pente descendante. Il y a l'émergence de nouvelles nations comme les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, et Afrique du Sud). Il y a les crises économiques et financières qui continuent depuis 2008. Les Bernard Maddoff et ses détournements de milliards de dollars ont fait tache d'huile. La confiance des consommateurs en leurs institutions n'a jamais été aussi faible. L'occident se débat tant bien que mal. Les crises budgétaires dans beaucoup d'état Américains, en Grèce, en Italie, au Portugal, en Espagne sont des exemples parmi tant d'autres de l'affaiblissement de ces puissances.
Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, des révolutions se produisent simultanément dans tous les quatre points de la terre. Lorsque Mohamed Bouaziz s'immolait en Tunisie, il ne pensait pas qu'il donnera naissance à un mouvement aussi global. Après que le peuple Tunisien a courageusement mis fin au régné de Ben Ali, les jeunes d'Egypte ont repris le flambeau en occupant en permanence la place du Tahrir et ont également mis fin au règne de Ben Ali. Ces mêmes jeunes continuent de manifester aujourd'hui pour mettre fin au diktat du Conseil Suprême de l'Armée. Le vent des révolutions s'est propagé en Libye, en Algérie, au Maroc, au Yémen, au Bahreïn, en Syrie, au Koweït, en Palestine et à Oman. Des révolutions populaires sont attendues en Mauritanie. A côté de ces révolutions populaires, il y a les mouvements d'indignés partout dans le monde occidental. Dans ce concert des peuples, l'Afrique sub-Saharienne, tôt ou tard se révoltera. Une plus grande audience à travers le monde sera alors réceptive de l'appel et du combat des Azawadiens.
Une chance énorme s'offre aujourd'hui. Les Azawadiens pourront-ils être capable de l'utiliser à bon escient? Les Azawadiens pourront-ils combiner tous ces facteurs en système à plusieurs équations, le résoudre, et donner jour au rêve de millions de Tamasheq depuis la pénétration Française? Ne nous trompons pas. Le Mali a compris que ce projet actuel des Azawadiens à la capacité d'être un projet viable qui attirera le support de millions de Tamasheq sans parler des millions d'Imazighens, Catalans, Basques, Occitans et autres peuples indépendantistes qui ne resteront pas sourd à cet appel. Aussi, le Mali pour la première fois sait qu'à terme la majorité des Tamasheq du Mali s'allieront au projet Azawadien. C'est pour cela que chaque jour que Dieu fait il essaie de faire échouer ce projet en tantant tout ce qui lui tombe sous la main. Si les meneurs de ce projet prennent les bonnes décisions au bon moment, le rêve de Kaocene Ag Gedda et de Mohamed Ali Ag Attaher verra jour, sans aucun doute.
Ahmeyede Ag Ilkamassene
Source: Toumastpress