C’est
quasi officiel. Les opérateurs économiques nigériens sont décidés à ne
plus transiter par le Port de Cotonou. Après plusieurs annonces sans
effet, une voix suffisamment forte l’a fait savoir, il y a quelques
jours. Il s’agit de l’Assemblée générale de la Chambre de commerce,
d’industrie et d‘artisanat du Niger au cours d’une réunion où un comité
ad hoc mis sur pied pour connaître des problèmes fréquents sur le
corridor Bénin-Niger a exposé les conclusions de ses travaux...
Selon nos
informations, les opérateurs économiques du Niger sont résolus à
abandonner le port de Cotonou, poumon de l’économie béninoise au profit
de ceux de la sous-région. C’est la Chambre de commerce, d’industrie et
d’artisanat du Niger qui a pris cette décision appelant du coup tous les
opérateurs sous sa tutelle à s’y conformer scrupuleusement. Cette
réaction est considérée comme une réponse aux difficultés qu’ils
rencontrent lors des opérations de transit en direction de leur pays. Si
cette mesure est intervenue il y a quelques jours, ses causes remontent
dans le passé. En effet dans un rapport produit par un comité ad hoc
qui a travaillé sur les conditions d’utilisation du corridor
Bénin-Niger, il a été souligné que les difficultés en question existent
depuis et n’ont jamais trouvé de solutions définitives. Ces difficultés
se sont accentuées au fil des années, mentionne le comité. L’équipe qui a
reçu mandat de l’Assemblée générale de la Chambre de commerce,
d’industrie et d’artisanat du Niger, en décembre 2011, a rendu les
conclusions de son travail lors de sa première session tenue fin janvier
2012. Les difficultés évoquées concernent la recrudescence des actes de
violation répétés des conventions et traités internationaux relatifs au
transit par le port de Cotonou, la persistance des entraves de toutes
sortes. Face à cette situation, et tenus par l’urgence et la nécessité
d’approvisionner le marché nigérien aux coûts et besoins compatibles
avec les possibilités des populations, les opérateurs économiques ont
été priés d’interrompre pour leurs nouvelles importations, l’utilisation
du port de Cotonou à compter du 15 février 2012. Cela fait donc une
semaine que la mesure a pris effet.
En clair,
le Niger pays enclavé est décidé à tourner dos au quai de Cotonou pour
approvisionner son marché local. Un scénario que redoutait le
gouvernement béninois. Suite à plusieurs brouilles intervenues entre les
autorités portuaires et les hommes d’affaires nigériens, le
gouvernement a multiplié les actions de séduction à l’endroit de ces
opérateurs. Devant la pression des dirigeants nigériens, le chef de
l’Etat Yayi Boni s’est personnellement engagé à trouver des mesures
souples pour faciliter le transit des marchandises en direction de
Niamey. Pour accentuer la pression sur les autorités béninoises, le
Niger a même dépêché le président de l’Assemblée nationale à Cotonou en
octobre 2011. Hama Amadou a séjourné du 24 au 27 octobre pour trouver
des solutions aux problèmes que rencontrent ses compatriotes. Il a
engagé des discussions avec des autorités au sommet de l’Etat avant de
retourner au pays, pas sans qu’il ne reçoive des promesses de la partie
béninoise. La crise ayant pris l’allure d’une affaire d’Etats a connu un
début des signes d’espoir pour son règlement. Suite à la visite de Hama
Amadou, les opérateurs économiques nigériens rêvaient de voir les
promesses des autorités béninoises se concrétiser. Mais, ils ont le
sentiment que le temps passe et leurs difficultés plus que jamais
d’actualité.
En dépit
des opérations de charme du chef de l’Etat Yayi Boni pour non seulement
les rassurer, mais également prouver à son homologue sa détermination à
solutionner les problèmes récurrents, la Chambre de commerce,
d’industrie et d’artisanat du Niger affiche un sentiment de ras-le-bol.
La descente du chef de l’Etat Yayi Boni le 24 janvier 2012 dans la bande
des 200 mètres du port de Cotonou, illustrant parfaitement sa volonté
de remplir ses obligations vis-à-vis du président du Niger, n’a pas
influé sur cette décision. Cette opération appuyée par l’armée de terre
et l’aviation militaire a permis à plus de 200 camions en transit sur le
Niger de quitter l’enceinte portuaire où ils étaient bloqués depuis
plusieurs jours pour des raisons liées à la lenteur dans les formalités.
KOACI
Actuniger.co