1 mars 2013

Mali : la France va-t-elle se faire doubler par les Etats-Unis ?



Mali : la France va-t-elle se faire doubler par les Etats-Unis ?

Les Américains, qui ont des intérêts de plus en plus grands en Afrique, ont fourni une aide militaire à la France sans envoyer de troupes au sol dans l'opération au Mali. 

Quels bénéfices tireront-ils de ce "soutien de loin" ?
Soutien intéressé

Les Etats-Unis transportent les soldats français mais aussi de l'équipement au Mali pour aider les forces armées de l'Hexagone.

Atlantico : Selon Leon Panetta, la France a vite progressé au Mali. Dans une interview accordée à l'AFP le 2 février, le secrétaire américain à la Défense a nuancé ses propos en affirmant que le défi pour l'Hexagone était encore son retrait sur le sol malien. Les Américains, qui installent stratégiquement des bases militaires sur le continent noir, ont fourni une aide militaire à la France dans cette intervention sans envoyer de troupes au sol. La stratégie de Washington est-elle d'aider ses alliés de loin au Mali pour établir une zone d'influence sur cette partie du territoire africain ?

Mathieu Pellerin : Les Etats-Unis ont un intérêt bien compris à nous épauler logistiquement. Premièrement parce que nous en avons tout simplement besoin, que ce soit en matière de renseignement ou pour le transport de troupes. Deuxièmement, parce que les Etats-Unis sont depuis le début des années 2000 engagés dans la lutte contre le terrorisme au Sahel avec l'Initiative Pan Sahel et la Tran Saharian Counterrorism Initiative. Ils sont objectivement dans le même camp que la France.

Toutefois, les Etats-Unis voient d'un bon œil l'engagement français, un moyen de lutter contre le terrorisme sans apparaître en première ligne avec les risques que cela inclus. Cela rappelle la manière dont se sont engagés les Etats-Unis en Libye.

Quels sont les intérêts de Washington en Afrique subsaharienne ? Sont-ils récents ? 

Les intérêts sont en premier lieu énergétiques, de ce point de vue rien de très différent avec l'Union Européenne ou la Chine. L'Afrique de l'ouest est de ce point de vue primordiale avec le Nigeria, l'Angola et la Guinée Équatoriale. Cet intérêt remonte au tout début des années 2000 lorsque les Etats-Unis ont constaté un besoin de diversification de leurs importations pétrolières.

Les intérêts sont également sécuritaires, notamment en Afrique de l'est où les Etats-Unis sont très préoccupés par la situation en Somalie, plusieurs cellules radicales somaliennes ayant été démantelées ces dernières années. Là encore, c'est un engagement à la fin des années 1990, au lendemain des attentats de Nairobi et Dar Es Salam.

Enfin, les Etats-Unis continuent de soutenir l'enracinement démocratique au Maghreb et en Afrique subsaharienne, mais force est de constater que ce soutien est à géométrie variable. Le congrès américain dénonce les atteintes aux droits de l'homme en Guinée Équatoriale chaque année et le département d'Etat n'en tient aucunement compte. Dans une moindre mesure, on pourrait en dire de même en Éthiopie ou en Ouganda.

Après leur expérience en Irak et en Afghanistan, peut-on envisager que les Américains enverront de l'aide à la France au sol pour l'après-intervention au Mali ? 

On ne peut jamais préjuger de l'avenir, les Américains ont déjà franchi une étape importante en déployant des drones au Niger. Pour l'heure, ils attendent de voir si la France s'en sortira "seule", c'est en ce sens qu'il faut comprendre les propos de Leon Panetta.

Les Etats-Unis ne souhaitent absolument pas assumer une nouvelle guerre et s'embourber de nouveau dans un conflit dont personne ne certifier qu'il ne s'étendra pas au Niger, en Libye ou en Algérie. Maintenant, si l'urgence sécuritaire l'impose, les Etats-Unis pourront accroître leur engagement, soit au travers de drones d'attaque, une option privilégiée au Pakistan ou au Yémen mais qui suscite de plus en plus de critiques dans l'opinion publique américaine, soit via un déploiement au sol. L'avenir nous le dira.

Propos recueillis par Ann-Laure Bourgeois
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