En amont des débats et votes au Parlement, lundi 22 avril, sur la prolongation de l’intervention des forces françaises au Mali, les deux sénateurs coprésidents du groupe Sahel (photos La Voix du Nord, PIB et Guy Drollet), Jean-Pierre Chevènement (RDSE*, à gauche) et Gérard Larcher (UMP, à droite), avancent des arguments. Au-delà du maintien des forces armées françaises, ils formulent » dix impératifs pour gagner la paix « .
Ce rapport a été adopté à l’unanimité (une abstention) par la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, présidée par Jean-Louis Carrère.
Ce rapport a été adopté à l’unanimité (une abstention) par la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat, présidée par Jean-Louis Carrère.
Les coprésidents saluent l’intervention militaire française (photo AFP ci-dessous) mais voient plus loin. » Nos soldats ont fait un travail exceptionnel, sur un terrain particulièrement exigeant. Qu’aurait-on fait sans nos forces prépositionnées en Afrique ? « , constate Gérard Larcher. » L’armée française doit être en capacité à l’avenir de conduire une opération comme Serval. Consacrer 1,5 % du PIB à la défense est un plancher « , concluent les deux sénateurs.
Au-delà des considérations budgétaires, Chevènement et Larcher décrivent une approche globale à l’échelle du Sahel, à considérer lors de la conférence du développement, Ensemble pour le Mali, qui se déroulera le 15 mai à Bruxelles. Voici leur plan en dix points :
1. Eviter l’enlisement du processus politique démocratique : organisation des élections, » au moins présidentielles » d’ici fin juillet, » quitte à découpler avec les législatives « . Impératif : consolider d’urgence le processus de réconciliation malien.
2. Soutenir la commission dialogue et réconciliation : » La lutte contre l’impunité et pour le dialogue avec le Nord sont deux piliers pour refonder le pacte national malien. » Ils précisent que « la question de Kidal et celle du massacre d’Aguelhoc doivent recevoir un traitement particulier « .
3. Reconstruction de l’Etat malien : armée, forces de sécurité, justice et au Nord, administration. Sujets de la conférence du 15 mai… Ici une photo (AFP) du Premier ministre Diango Cissoko, visitant l’hôpital de Gao le 11 avril.
4. Englober l’ensemble du Sahel : » Les facteurs de fragilité sont partagés par plusieurs Etats de la région « . L’Union européenne doit s’engager pour lutter contre les causes structurelles de déstabilisation (sous-développement, démographie, trafics, gouvernance…).
5. Solidarité européenne : » Le conseil européen de décembre 2013, consacré à la défense, devra poser la question de la volonté politique. » Il faut aller au-delà de la formation de l’armée malienne et se poser la question du financement.
6. Aide au développement : au programme de la conférence à Bruxelles, coordination des bailleurs, capacité d’absorption des Maliens, équilibre territorial du développement (en clair, éviter que le Sud ne prenne tout…).
7. Limites de l’appareil de défense français. Ils insistent sur le maintien du budget à 31,4 milliard d’euros.
8. Points d’appui en Afrique : le rétrécissement des capacités et des implantations, programmé par le Livre blanc de 2008, n’a pas été totalement mis en œuvre. L’opération Serval a montré l’utilité des forces françaises prépositionnées. Uns piste intéressante est ébauchée sous la forme d’une question. Dans le Livre blanc 2013, » faut-il rééquilibrer vers l’ouest le centre de gravité de nos points d’appui ? » Avec moins de moyens, faut-il recentrer nos intérêts stratégiques ?
9. Sécurité régionale : renforcement de la » force africaine en attente » et association de l’Algérie, » Etat central pour la résolution de toute crise sécuritaire dans la région sahélienne « . Le réchauffement, lors de la visite en décembre du président François Hollande, est un point de départ, confirmé par le déploiement militaire algérien à sa frontière sud pour fermer la porte aux islamistes radicaux en fuite. Ci-contre, une photo (AFP) du président algérien, Aziz Bouteflika, recevant à Alger le 15 avril, pour une réunion sur le Mali, son homologue sud-africain, Jacob Zuma.
10. Analyser en profondeur les changements politiques dans le monde arabo-musulman. Faire face à la contagion du terrorisme et du radicalisme religieux entre Maghreb, Machrek, Moyen-Orient et Afrique subsaharienne.
* RDSE : Rassemblement démocratique et social européen.
http://defense.blogs.lavoixdunord.fr/archive/2013/04/17/intervention-au-mali-dix-imperatifs-pour-gagner-la-paix-selo.html