Le monde va-t-il rester sans rien faire face à la catastrophe humanitaire qui se profile au Sahel ? Selon l'ONG Oxfam qui lance ce cri d'alarme, près de 13 millions de personnes sont exposées à une grave crise alimentaire qui menace de dégénérer en urgence de grande ampleur dans tous les pays sahéliens, de la Mauritanie jusqu'au Tchad en passant par le Niger, le Mali et le Burkina. Au Mali, la région de Kayes, au sud-ouest du pays, est une des régions les plus touchées où tous les voyants sont au rouge.
Dans les villages de la région de Kayes, après une récolte
catastrophique à l'automne dernier, les vivres commencent à manquer et
les céréales disponibles sur les marchés s'échangent à des prix très
élevés. Quant aux semences pour préparer le prochain hivernage, elles
ont été consommées au lieu d'être conservées. Ladji Niangané est le
président de l'Union régionale des coopératives agricoles de Kayes,
l'Urcak. Il constate depuis l'automne la dégradation inexorable.
« La saison des pluies a pris fin depuis le mois d’octobre.
Pendant l’hivernage, il n’y avait rien. Aujourd’hui, la disponibilité
sur le marché... peu est disponible – les prix ont prix l’ascenseur. Il y
a eu une certaine inflation de ces prix-là. La deuxième chose, les
paysans n’ont plus de semences. Et quand les gens n’ont pas de semences,
je me demande comment ils vont produire ».
Les populations rurales ont commencé à quitter la brousse pour
trouver de quoi vivre à Kayes ou à Bamako. Et plus que jamais, les
familles de Kayes attendent l'argent des migrants de France ou
d'Afrique. « Je crois que les migrants auront encore à faire plus
d’efforts qu’ils ne le font, pour faire face, en tout cas aux
difficultés de l’heure, poursuit Ladji Niangané. On ne voit pas
vraiment l’apport de l’Etat pour soutenir, en tout cas, pour maintenir
les gens par rapport à cette situation difficile où ils vivent ».
Autre signe inquiétant : le bétail. Cette année, il a fallu vendre
les animaux avant qu'ils ne soient trop maigres. Quant aux éleveurs, ils
ont pris la route vers la Guinée à la recherche de nouveaux pâturages.
RFI