Entre l’armée malienne et le Mouvement national de libération de
l'Azawad (MNLA), c’est désormais une guerre classique.
Les violents accrochages de mercredi et de jeudi dernier, près de la
localité de Tessalit, en plein désert au Nord-Est du Mali, l’ont été
dans un champ de bataille, avec une démonstration de force de part et
d’autre, suivie d’une guerre de communiqués. Rien à voir avec la
guérilla des années passées par laquelle la « rébellion touarègue»
affichait son hostilité au pouvoir de Bamako.
Mercredi donc, l’armée malienne a dû aligner des colonnes de blindés,
des voitures tout-terrain, avec un effectif de plus de trois cents
hommes, face à des unités, sans complexe, de rebelles dotés de matériels
de guerre tout aussi sophistiqués. Des armes vraisemblablement venues
de Libye où la guerre de l’année dernière a ouvert un boulevard pour
l’approvisionnement des bandes armées écumant le Sahel. Voilà qui donne
du tonus au Mnla. En plus d’une collision récente qu’elle revendique
avec des islamistes « modérés » du groupe terroriste Al-Qaida au Maghreb
islamique (Aqmi).
Aujourd’hui, fort de sa nouvelle posture, le MNLA, qui
jusqu’alors, se cantonnait à des revendications nées des frustrations
ayant conduit au premier soulèvement, en 1964, de Touaregs du Mali, n’exige pas moins qu’une partition du pays et l’indépendance de l'Azawad.
On peut se rendre compte, au regard de telles prétentions, que
l’indépendance, le 1er juillet 2011, du Sud-Soudan, en remettant en
question le sacro-saint principe en Afrique de l’intangibilité des
frontières héritées de la colonisation, a fait germer des velléités
d’indépendance au sein de certaines rébellions.
Il y a lieu, toutefois, de prendre en compte, dans la crise qui
secoue le Mali, des éléments singuliers n’autorisant pas des
rapprochements cohérents avec le cas du Soudan. Notamment en ce que le
combat du MNLA, que l’on désigne à tort « rébellion touarègue », ne
rencontre ni l’adhésion de l’ensemble de la communauté touarègue du
Mali, encore moins celle des autres peuples qui partagent le territoire
composé des régions de Tombouctou, Kidal et Gao que les rebelles
désignent par l'Azawad.
Dans cette situation, il sera difficile au plan diplomatique au MNLA de rallier de nombreux partisans à sa cause. Reste intacte de sa part, une grande capacité de nuisance
qui pourrait durablement déstabiliser le Mali. Voire l’ensemble du
Sahel où les armes venues Libye ont redynamisé plus d’un réseau
terroriste. Des soucis supplémentaires pour une région où déjà des
sécheresses récurrentes, l’avancée du désert, les invasions de criquets,
installent la famine et suscitent des migrations
cameroon-tribune