Si rien n’est fait dans
les prochains mois, la crise alimentaire risque de toucher sévèrement
les pays du Sahel. Plus de 10 millions de personnes seraient affectées
par la crise. Notamment au Niger, au Mali, en Mauritanie, au Burkina
Faso et au Tchad où tous les indicateurs des systèmes d’alerte précoce
sont au rouge : baisse des pâturages et faibles prévisions des récoles,
prix des céréales plus élevés de 60% à 80% par rapport à ceux de ces
cinq dernières années, des milliers de familles épuisant leurs stocks de
nourriture avant mars. Dans ces conditions, plus d’un million d’enfants
seraient atteints de malnutrition aiguë sévère, la forme la plus grave,
qui engage le pronostic vital des enfants qui en sont atteints.
Une course contre la montre est engagée : ACF a déjà
lancé un programme visant à atténuer les effets de la crise grâce à des
fonds ECHO - le service d’aide humanitaire et de la protection civile de
la Commission Européenne - et grâce à ses fonds propres. Mais ACF
appelle l’ensemble de communauté internationale à agir avant qu’il ne
soit trop tard et à se mobiliser sans faille sur chacun des pays.
C’est à nouveau une crise qui s’annonce. Les systèmes
d’alerte précoce qui suivent entre autres les enregistrements
pluviométriques, l’état des récoltes, la biomasse disponible pour les
pâturages et les prix des aliments sur les marchés locaux sonnent
l’alarme : cette année, la période de soudure (période située entre deux
récoltes), survenant habituellement dans la région entre juillet et
octobre, se produira en mars. Ce qui veut dire que plus de 2 millions
de familles auront épuisé leurs réserves de nourriture et leurs
solutions de subsistance avant la prochaine récolte en octobre. « Bien
que les récoltes de 2011 n’aient pas été catastrophiques, il n’y a pas
eu deux années consécutives de très bonnes récoltes permettant aux
ménages de récupérer depuis la sécheresse de 2005, explique depuis Dakar
Patricia Hoorelbeke, représentante d’ACF en Afrique occidentale.
Beaucoup de familles vulnérables sont très affaiblies et ne pourront pas
faire face au moindre choc »
Les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes sont les plus vulnérables
Beaucoup de personnes ont déjà diminué leur nombre de
repas quotidien et cette crise affectera particulièrement les enfants de
moins de 5 ans, les femmes enceintes et les femmes allaitantes. Leur
situation nutritionnelle, déjà très dégradée dans cette région, risque
d’empirer dans les prochains mois si rien n’est mis en œuvre. Les taux
de malnutrition ont dépassé les seuils d’urgence dans certaines zones du
Tchad et de la Mauritanie et vont se détériorer. Plus d’un million
d’enfants de moins de 5 ans sont à risque de malnutrition aiguë sévère
et 1,6 millions exposés à la malnutrition aiguë globale.
Les récoltes, les marchés, les revenus et une agriculture familiale de subsistance sont à la source du problème
Pourquoi ? « Ce n’est pas seulement le manque de pluies,
de cultures et de pâturages. L’impossibilité pour les agriculteurs de
stocker leurs produits les oblige à les vendre après la récolte à des
prix dérisoires, et à devoir ensuite acheter de la nourriture durant les
mois suivant à des prix quatre fois plus élevés, explique Vincent
Taillandier responsable géographique Afrique pour ACF France. De plus,
cette année, 200 000 émigrants de Libye et de Côte d’ivoire ont cessé
d’envoyer des fonds et ont dû retourner dans leurs familles ».
Agir maintenant permettra de sauver des victimes... et d’économiser de l’argent
Les différences avec la situation dans la Corne de
l’Afrique sont importantes : il ne s’agit pas d’une famine et les poches
de malnutrition sont plus dispersées mais l’accès sur le terrain est
globalement meilleur, de par le fait que les autorités nationales
facilitent les opérations après avoir appelé à l’aide internationale
dans la région du Sahel.
Il n’y a pas de temps à perdre et nous ne devons pas répéter les erreurs faites dans la Corne de l’Afrique.
ACF a renforcé toutes ses équipes au sein de la région,
alertant les institutions nationales et les donateurs, et a déjà lancé
un programme de prévention dans cinq pays.
Source: Afrik.com