5 mars 2012

Edito : Tessalit, où est la vérité ?

La guerre à huis clos : la formule de Jeune Afrique sur la guerre du Nord-Mali est des plus pertinentes. Toujours peu de sources indépendantes. Et naturellement, même les recoupements se contentent généralement de citer les sources de l’armée malienne et du Mnla. Vitrine de cette véritable bouteille à l’encre : la bataille de Tessalit. Plusieurs titres de la presse malienne et des radios libres de la place avaient déjà donné leur bilan : côté rebelle, une centaine de morts, soixante dix véhicules calcinés. Bref, un massacre dans les rangs du Mnla dont la rue s’était réjouie et qui a suscité d’émouvantes motions d’encouragement à nos « vaillantes forces armées ». Côté Mnla, même triomphalisme.  

La communication plus moderne de la rébellion ne se contente pas, à travers les sites pro-berbères à signer des articles de « reporters sur le front » qui décrivent par le menu, comme par le week-end la bataille en cours dans cette garnison.
Naturellement pour eux, the winner is… les troupes du Mnla! A ces articles flatteurs pour les rebelles, s’ajoutent les nombreuses réactions facebook favorables au Mnla qui a également son espace youtube sur lequel on peut entendre un « Peul » appeler ses parents à rejoindre Zakak pour la libération du pays.
Et aussi des images de présumés prisonniers de l’armée malienne, s’exprimant en français et ou en bamanan sur les circonstances de leur capture et les « bons traitements » dont ils bénéficient de la part de leurs geôliers. Subtils détails donnés par ces « reporters » avec un air tout naturel : Ould Meydou ne rencontrerait pas plus de succès à Tessalit qu’à Aguel Hoc en janvier. Il aurait subi beaucoup de pertes le week-end alors que côté gouvernemental, on se félicite de la progression de l’armée et de son inexorable avancée sur Tessalit.
La dépêche de AP citant même un officiel américain puis celle de Afp annonçant le ravitaillement de l’armée malienne par l’aviation américaine au Mali pour l’Opération Flintlock n’est pas pour percer le mystère. Il est vrai que la presse étrangère, Rfi, la principale source d’information n’est pas du tout en odeur de sainteté à Bamako. « C’est une radio subjective et pro Mnla » dit de plus en plus clairement la rue malienne. La radio mondiale n’est pas en effet servie par sa nationalité française. D’autant que pour le citoyen lambda à Bamako comme à Kayes, c’est une guerre par procuration que le Mnla est en train de livrer au Mali. Avec pour marionnettiste : un certain Nicolas Sarkozy.
L’information publiée vendredi sur le site mauritanien Taqadoumy n’aidera pas les choses, en révélant que Paris comme le Mnla rejette toute implication d’Aqmi dans les atrocités d’Aguel Hoc que de Raincourt avait pourtant condamnées. Si les Français le pensent  vraiment, c’est une déclaration de guerre à Bamako qui n’a pas, il faut le rappeler, rendu public à la presse  le rapport d’enquête incriminant les salafistes.

Adam Thiam

Entretien avec Romaric Adekambi, co-fondateur de Agone Drone, sur la vulgarisation de l’usage des drones au Bénin

Romaric Adekambi est le co-fondateur de Agone Drone, une agence de location de drones pour les professionnels du secteur audiovisuel. Avec ...